Etude des altérations de la connectivité fonctionnelle cérébrale par imagerie fonctionelle ultrasonore (fUS) dans un modèle murin de douleur neuropathique : impacts des symptômes nociceptifs et comorbidités associées
Auteur / Autrice : | Silvia Cazzanelli |
Direction : | Sophie Pezet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 21/06/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Physique pour la Médecine |
établissement opérateur d'inscription : ESPCI Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (PSL) | |
Entreprise : Iconeus | |
Jury : | Président / Présidente : Cécile Viollet |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Pezet, Fabien Marchand, Franziska Denk, Ipek Yalcin Christmann | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabien Marchand, Franziska Denk |
Mots clés
Résumé
La douleur neuropathique est une sensation de douleur anormale qui persiste au-delà du cours temporel de la guérison naturelle. Elle interfère avec la qualité de vie du patient et est associée à plusieurs comorbidités telles que l'anxiété et la dépression. Des études antérieures ont suggéré que la douleur chronique pourrait résulter d’une plasticité neuronale anormale et inadaptée dans les structures connues pour être impliquées dans la perception de la douleur (Bliss et al. 2016). Cela signifie qu'une lésion nerveuse déclencherait une potentialisation à long terme de la transmission synaptique dans les aires cérébrales liées à la douleur (Zhuo et al. 2014). Comme ces régions sont également impliquées dans les aspects émotionnels de la douleur, notre hypothèse est que la plasticité inadaptée susmentionnée dans ces zones cérébrales pourrait constituer un mécanisme clé pour le développement de comorbidités, telles que l'anxiété et la dépression.Au cours de ma thèse, nous avons choisi de tester cette hypothèse de travail par l’étude des altérations de la connectivité fonctionnelle (CF) intrinsèque des réseaux cérébraux par imagerie fonctionnelle ultrasonore (fUS) dans un modèle murin de douleur neuropathique. Cette technique de neuro-imagerie relativement récente a permis de nombreuses avancées en neurosciences, grâce à sa haute résolution spatio-temporelle, à sa sensibilité, mais aussi son adaptabilité, permettant des études chez l’animal anesthésié ou éveillé.Dans une première étude, j’ai mis au point un protocole expérimental permettant d’imager le cerveau des souris éveillées de façon reproductible et avec un minimum de stress et d artefacts de mouvements et ai également été impliquée dans le développement d’un nouvel algorithme d’analyse des signaux générées par ces acquisitions. Cette première approche étant réalisée avec une sonde linéaire en mouvement qui ne permet pas de visualiser l’entièreté du cerveau, dans une seconde étude, j’ai participe au développement d’une nouvelle technologie de sonde compilées et motorisée.Fort de ces développements technologiques, j’ai alors utilisé ces nouvelles approches pour tester mon hypothèse neurobiologique. J’ai entrepris deux études en parallèle chez des animaux anesthésiés pour l’une et éveillés pour la seconde, chez lesquelles nous avons étudié le lien temporel entre les altérations de la CF cérébrale et le développement de la douleur neuropathique et/ou des comorbidités associées. Pour cela, nous avons mesuré la CF (en période de repos) chez des souris atteintes de douleur neuropathique, à trois moments différents : I) 2 semaines après l’induction de la douleur neuropathique (manchon autour du nerf sciatique) II) à 8 semaines post-induction, lorsque l'anxiété émerge et III) à 12 semaines post-induction, lorsque la dépression apparait (12W). Ce suivi longitudinal a également été réalisé en parallèle sur un groupe d’animaux contrôles.Nos résultats indiquent des changements significatifs de la CF dans les principales régions cérébrales impliquées dans la transmission ou la modulation de la sensibilité ou de la douleur, suggérant la mise en place d’une plasticité inadaptée du réseau de la douleur, suite à la lésion nerveuse. De plus, nous observons une évolution temporelle de ces altérations, potentiellement corrélée à l'apparition des comorbidités associées. Ainsi, ces mécanismes pourraient participer à la chronicisation de la douleur.