Thèse soutenue

De Marcelle Gallois à Mère Geneviève : concilier et affirmer deux vocations au XXe siècle

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Auteur / Autrice : Anne Genot
Direction : Isabelle Saint-Martin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 22/11/2024
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration dans l'Europe moderne et contemporaine (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Leniaud
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Saint-Martin, Jean-Michel Leniaud, Claire Barbillon, Jean-François Luneau, Jérôme Alexandre, Michel-Patrick Pretot
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Barbillon, Jean-François Luneau

Mots clés

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Résumé

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La personnalité atypique de Mère Geneviève, unissant humour, art et religion, intrigue. Née Marcelle Gallois en 1888, elle effectue une carrière éclair dans le dessin satirique, reçoit le nom de Geneviève en 1917 à son entrée au monastère de Saint-Louis du Temple à Paris et réussit le tour de force de concilier deux vocations avant de s'éteindre en 1962.Un premier ensemble d'études sur cette artiste est paru parallèlement aux expositions qui se sont déroulées en 2004 au musée des Beaux-Arts de Rouen, en 2008 au musée de Port-Royal des Champs et à la suite d'un colloque en 2012. Cette thèse s'appuie sur l'inventaire complet du corpus des œuvres débuté en 2014, sur une correspondance qui s'est étoffée grâce à l'apport de nouveaux fonds et sur des documents inédits. De plus, un important effort de contextualisation a permis de resituer l'œuvre dans l'histoire de l'art, en mettant en relief les liens avec les différents mouvements profanes et religieux de son époque, et dans celle de la réforme de la liturgie. Il a valorisé aussi l'importance d'un réseau d'aide féminin. La construction et l'évolution du style de Geneviève Gallois, qui n'ont jamais été qu'évoqués, est analysée à travers son choix constant de la ligne et de la figuration reliée à l'Incarnation, qui trouve sa plénitude dans ses images mariales ou ses représentations du Christ. L'expression de la souffrance est une thématique qui reste essentielle dans son œuvre. Elle est complétée par celle de la miséricorde dans un ensemble touffu de Fils prodigues, de syndicats des pardonnés, de tentations de la moniale, etc. L'aventure de la construction de l'abbaye à Limon dans les années 1950, ouvre un chemin vers un renouveau : sortie de guerre, nouvelle vie. La religieuse artiste déploie alors une énergie, une joie qui va jaillir en couleur et mouvement dans les vitraux mais aussi dans le regard malicieux de certains dessins. Elle éclate dans deux vitraux, “Ludens coram deo” qui est l'incarnation des idées de R. Guardini sur la liturgie, et “In paradisum”, une figuration extraordinaire, très libre, de l'arrivée de la moniale au Paradis. La religieuse obscure, triste qui peinait à trouver sa place, est devenue une artiste reconnue par sa communauté. Elle entre dans une phase de pacification malgré l'épreuve de la maladie, élaborant des formes archétypales, une palette iconographique des attitudes de la prière, s'interrogeant sur la médiocrité et la sainteté au travers de ses dessins, sur le combat spirituel, par le biais du Cantique des cantiques. Son style fortement inspiré, entre autres, par ses débuts dans la caricature mais aussi l'art médiéval, évolue alors vers une grande liberté, une épure, tout en restant expressionniste. Il est, à l'apogée de son art, expression de l'inexprimable. Cette recherche se situe dans le cadre de la redécouverte de l'art religieux du XXe siècle où Mère Geneviève a sa place.