Risk4DRaptors : prédire les risques de collision des grands oiseaux avec les infrastructures aériennes
Auteur / Autrice : | Arzhela Hemery |
Direction : | Aurélien Besnard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des populations, génétique et éco-éthologie |
Date : | Soutenance le 04/12/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier) | |
Jury : | Président / Présidente : Blandine Doligez |
Examinateurs / Examinatrices : Aurélien Besnard, Beatriz Arroyo, Arnaud Bechet, Alexandre Millon, Olivier Duriez, Pierre-Yves Henry | |
Rapporteur / Rapporteuse : Blandine Doligez, Beatriz Arroyo |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La perte de la biodiversité est une crise majeure de l'anthropocène à laquelle l'humanité est actuellement confrontée, dont le changement climatique est une des causes principales. Pour faire face à ce changement climatique, une des stratégies adoptées vise à décarboner la production d'énergie et à opter pour une électrification issue des énergies renouvelables. Ces orientations induisent la construction d'infrastructures aériennes comme les éoliennes et l'extension des réseaux de transport d'électricité, ce qui n'est pas sans conséquence pour la faune et la flore (pertes d'habitats, mortalités par collisions) et peut ainsi aggraver la perte de biodiversité.Les grands oiseaux planeurs comme les accipitridés sont des espèces très sensibles au développement de ces infrastructures. Leur écologie et leurs modes de vol les placent en conflit de l'utilisation de l'espace aérien avec elles. Leur démographie est très sensible aux mortalités additionnelles. Plusieurs de ces espèces sont présentes sur la liste rouge de l'IUCN et protégées à l'échelle française et européenne. Ces espèces « à enjeux » sont donc à prendre en compte dans la planification et les études impacts précédant l'implantation des infrastructures aériennes.Il est cependant difficile de définir sur le terrain les zones d'importance pour ces espèces et donc de préconiser des secteurs où il faudrait éviter d'implanter ces infrastructures. Les avancées technologiques récentes, avec la miniaturisation des balises GPS, permettent de suivre des individus en continu, en enregistrant les coordonnées X-Y et la hauteur de vol des oiseaux. L'objectif de cette thèse est de développer un cadre méthodologique pour prédire les zones à risque de collision pour les grands planeurs avec les infrastructures aériennes, en fonction des habitats et des hauteurs de vol. Cette démarche a été développée sur l'aigle royal, mais réfléchie pour être réplicable à d'autres espèces.Dans un premier temps, j'ai étudié les conditions nécessaires à l'utilisation des données télémétriques obtenues en équipant des jeunes aigles royaux au nid afin d'augmenter le nombre d'individus mais aussi l'étendue géographique (et les habitats associés) dans les modèles statistiques. Ces jeunes sont peu mobiles lorsqu'ils sont au nid et donc plus faciles à capturer que les adultes. Cependant, après l'envol, ils passent par une période d'apprentissages où leurs techniques de vol et leur utilisation de l'espace et des habitats peuvent différer de celles des adultes. Les résultats obtenus montrent que, passé les deux premiers mois, les performances de vol sont ensuite établies et l'utilisation de l'espace et des habitats deviennent alors très similaires à celles des adultes. Les données télémétriques des jeunes aigles royaux peuvent donc être utilisées au même titre que celles des adultes, si l'on exclut les deux premiers mois après l'envol. Cette partie constitue une étape préliminaire, indispensable pour intégrer les données des juvéniles dans la démarche.Dans un second temps, j'ai modélisé le risque qu'un aigle royal utilise un secteur pour ses déplacements, en fonction des habitats qui le composent et en tenant compte de la hauteur à laquelle il vole. Pour cela, j'ai adapté la méthode des « step-selection functions » classiquement utilisée pour modéliser la sélection d'habitats en déplacement en 2D, à une sélection d'habitats en 3D. En effet, ne pas tenir compte de la hauteur de vol peut conduire à surestimer le risque dans certains secteurs où, en réalité, les oiseaux volent très haut et ne sont donc pas en conflit d'utilisation de l'espace aérien avec les infrastructures. Ce modèle en inclue aussi la troisième dimension dans les variables d'habitats via des paramètres décrivant l'espace aérien, à savoir les courants ascendants thermique et orographique. Les résultats sont consultables sous forme de cartes et ont été pensés comme un outil d'aide à l'évitement à destination des aménageurs et des décisionnaires.