Byzance dans la photographie patrimoniale au XIXe siècle : le fonds Charles Labbé.
Auteur / Autrice : | Clémentine Bony-Devaux |
Direction : | Ioanna Rapti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Soutenance le 08/11/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Vassa Kontouma |
Examinateurs / Examinatrices : Ioanna Rapti, Ιωάννης Βιταλιώτης, Christine Peltre, Isabelle Saint-Martin, Catherine Jolivet-Lévy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Ιωάννης Βιταλιώτης, Christine Peltre |
Mots clés
Résumé
En 1853, un peintre français, Charles Labbé (mort en 1885) et un ingénieur et photographe français, Ernest de Caranza (mort en 1868) partent en mission photographique au Mont Athos, à la demande du sultan Abdülmecit Ier. C'est l'héritage artistique de cette mission, un ensemble inédit d'épreuves photographique que cette thèse met en lumière et propose d'analyser dans son contexte historique. La mission photographique de Charles Labbé et Ernest de Caranza permet ainsi la création d'un album photographique d'une qualité technique exceptionnelle pour cette époque. Cet album photographique relié de marocain rouge contient 87 épreuves sur papier salé, qui sont les plus anciennes photographies connues du Mont Athos. Resté dans la famille de Charles Labbé, l'album a été vendu chez Sotheby's à Paris en novembre 2016, devenant un objet rare. Il offre un espace de documentation sans précédent pour les chercheurs, montrant l'état de ces monuments et leur évolution, mais aussi la dimension importante de l'art byzantin en France. Au XIXe siècle, le Mont Athos, sous domination ottomane, est l'expression la plus pure de l'art byzantin pour les occidentaux. Artistes, écrivains et premiers érudits français sont fascinés par l'art roman, gothique et byzantin, que certains voient partout. Le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, publié en 1831, et les restaurations de Viollet-le-Duc sont les symboles de cette passion. L'œuvre des deux français se situe dans le sillage des érudits et artistes qui découvrent l'île monastique en dehors du temps à l'instar de Dominique Papety un des premiers à témoigner de son voyage dans un article crucial publié dans la Revue des Deux Mondes en 1846, montrant l'importance du patrimoine athonite. Dans les années 1850, la photographie est devenue, par sa précision, un moyen de représentation et de documentation de l'art byzantin. Le tuğra du sultan Abdülmecit Ier présent sur la couverture de montre qu'il s'agit d'une mission ottomane. Cet album photographique fut peut-être un cadeau diplomatique pour Napoléon III et le Tsar Alexandre II de Russie, que pour d'obscures raisons ils n'auraient pas reçu. Cette collection photographique ouvre la voie à d'autres missions photographiques comme dix ans plus tard la mission du savant Emmanuel Miller, accompagné du jeune peintre et photographe Pierre-Désiré Guillemet, ou à la fin du XIXe siècle, Gabriel Millet. La photographie, née au XIXe siècle, est au centre du monde byzantin, par le prisme exceptionnel qu'elle donne aux chercheurs dans l'étude de l'évolution architecturale du Mont Athos.