Amazigh et arabe dans le massif des Babors (Kabylie orientale, Algérie) : Contribution à la typologie des contacts linguistiques
Auteur / Autrice : | Massinissa Garaoun |
Direction : | Amina Mettouchi, Martine Vanhove |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique |
Date : | Soutenance le 08/01/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Laboratoire : Langage, langues et cultures d'Afrique noire (Villejuif) | |
Jury : | Président / Présidente : Kamal Naït-Zerrad |
Examinateurs / Examinatrices : Amina Mettouchi, Martine Vanhove, Maarten G. Kossmann, Catherine Miller, Lameen Souag, Stefano Manfredi, Catherine Taine-Cheikh | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Maarten G. Kossmann, Catherine Miller |
Mots clés
Résumé
Les Babors sont un massif montagneux situé en Kabylie orientale au nord-est de l'Algérie. Deux langues y sont pratiquées, l'arabe jijélien et la tasahlit. La tasahlit est une langue amazighe, la plus ancienne famille de langues connue en Afrique du Nord occidentale. Le jijélien est une variété d'arabe ayant émergé à la suite de la première vague de conquêtes arabo-musulmanes en Afrique du Nord (VIIe-IXe siècles). Nous nous sommes intéressés à l'histoire des contacts entre ces langues depuis l'Âge d'or islamique jusqu'à nos jours, en décrivant des traits linguistiques hérités du contact et en les rapprochant des connaissances actuelles sur la typologie des contacts de langue afin d'établir des scénarios sociolinguistiques historiques. Nous avons pris en compte à l'échelle micro-locale le facteur géographique et les strates historiques variées en travaillant à partir de données de cinq variétés recueillies sur le terrain. Nous avons décrit la situation sociolinguistique actuelle, et en particulier les différents niveaux de bilinguisme, afin de reconstruire les relations de pouvoir historique entre les communautés et leurs langues. L'un des intérêts de cette étude réside dans les types de contact en jeu entre des langues génétiquement apparentées et typologiquement proches (Aikhenvald 2007, Hickey 2007).Nos résultats nous ont permis de distinguer différentes strates, périodes et types de contact dans les Babors. Les données historiques suggèrent que la diffusion de l'arabe y serait liée à l'histoire de la dynastie amazighe des Koutamas et en particulier au retour d'armées Koutamas arabisées vers la Kabylie orientale. Un changement de langue progressif de l'amazigh vers l'arabe, marqué par de longues périodes de bilinguisme a permis la diffusion de nombreux transferts de l'amazigh substratique vers le jijélien. Par ailleurs, la tasahlit présente le statut d'une langue maintenue après un contact extensif et inégalitaire avec l'arabe, langue de prestige et véhiculaire. Selon les parlers étudiés, nous avons observé des variations concernant les types de transferts depuis l'arabe. Nous les avons fait corréler avec des différences en termes de relations économiques et politico-militaires avec les groupes arabophones voisins. Il n'a pas toujours été possible d'affirmer la directionalité des phénomènes de contact décrits, dont certains entrent dans le cadre de la convergence linguistique. Nos résultats nous ont permis de distinguer différentes strates, périodes et types de contact dans les Babors. Les données historiques suggèrent que la diffusion de l'arabe y serait liée à l'histoire de la dynastie amazighe des Koutamas et en particulier au retour d'armées Koutamas arabisées vers la Kabylie orientale. Un changement de langue progressif de l'amazigh vers l'arabe, marqué par de longues périodes de bilinguisme, a permis la diffusion de nombreux transferts de l'amazigh substratique vers le jijélien. Par ailleurs, la tasahlit a le statut d'une langue qui s'est maintenue après un contact extensif et inégalitaire avec l'arabe, langue de prestige et véhiculaire. Selon les parlers étudiés, nous avons observé des variations concernant les types de transferts depuis l'arabe. Nous les avons corrélés à des différences en termes de relations économiques et politico-militaires avec les groupes arabophones voisins. Il n'a pas toujours été possible de préciser la directionalité des phénomènes de contact décrits, dont certains entrent dans le cadre de la convergence linguistique.