Thèse soutenue

Approches computationnelles pour quantifier le comportement de rongeurs à partir de données issues de capteurs inertiels

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Auteur / Autrice : Romain Fayat
Direction : Guillaume DuguéPierre Latouche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 26/01/2024
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de biologie de l'École normale supérieure (Paris ; 2010-....)
Equipe de recherche : Neurophysiologie des circuits cérébraux (Paris ; 20..-....)
Établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Julien Bouvier
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Dugué, Pierre Latouche, Julien Bouvier, Anthony Fleury, Charlotte Le Mouel, Emilie Lebarbier, Eric Burguière
Rapporteurs / Rapporteuses : Anthony Fleury

Mots clés

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Résumé

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Les centrales inertielles (ou IMUs) sont des capteurs électromécaniques fournissant des mesures tridimensionnelles d'accélération et de vitesse angulaire. Ils constituent le composant central de nombreux dispositifs portables utilisés pour mesurer l'orientation et la cinématique des parties du corps en santé et en biomécanique. Chez les animaux, les IMUs ont été principalement utilisées pour la mesure d'activités comportementales chez les espèces sauvages et domestiques, dans des contextes où l'observation directe est difficile ou impossible. Au cours de la dernière décennie, ces capteurs ont également gagné en popularité dans l'étude d'animaux de laboratoire en comportement libre, notamment dans le contexte de la recherche neurophysiologique, offrant une lecture résolue dans le temps et l'espace des mouvements, compatible avec l'échelle temporelle fine des enregistrements électrophysiologiques. Pour rendre compte fidèlement de la cinématique squelettique, les IMUs doivent idéalement être fixées à l'os, une approche qui, dans le cas des rongeurs de laboratoire, n'est facilement réalisable qu'au niveau du crâne. Les signaux cinématiques résultants de la tête sont très pertinents pour étudier le comportement des rongeurs, car ces animaux dépendent fortement de la mobilité de leur tête pour explorer leur environnement et diverses activités comportementales telles que le toilettage, le grattage ou le redressement impliquent des mouvements stéréotypés de la tête. Cependant, malgré l'utilisation croissante des IMUs dans la littérature sur les rongeurs, il reste à établir dans quelle mesure les données inertielles de la tête peuvent être utilisées pour cartographier précisément le comportement des rongeurs, et une méthode d'analyse appropriée pour manipuler et analyser ces données fait encore défaut. Dans la première partie de ce projet, nous avons évalué le niveau de précision des estimations d'inclinaison de la tête basées sur les IMUs en les comparant à des mesures simultanées réalisées par capture de mouvement. Nos résultats montrent que la composante basse fréquence des mesures d'accélération, souvent utilisée comme approximation de leur composante gravitationnelle, fournit une estimation fiable de l'orientation de la tête uniquement dans des conditions quasi-statiques. En revanche, une calibration du capteur combinée à un choix approprié d'algorithmes de filtrage peut permettre d'obtenir des erreurs moyennes d'estimation d'inclinaison de moins de 1,5° pendant le mouvement, permettant la quantification fine des changements dynamiques de la posture de la tête. À titre de preuve de concept nous avons illustré l'utilité de cette méthode pour quantifier les symptômes posturaux et moteurs dans un modèle de lésion vestibulaire unilatérale chez le rat. Dans la deuxième partie de ce projet, nous avons mis au point une méthode d'analyse non supervisée des données inertielles de rongeur. Cette méthode exploite des outils d'apprentissage automatique tels que des algorithmes de détection de rupture pour diviser de grandes séries temporelles en segments de longueurs variables et des modèles de mélange gaussien pour regrouper ces segments en groupes partageant des caractéristiques cinématiques similaires. Nos résultats montrent que cette méthode permet de discriminer un large éventail d'activités comportementales à une échelle temporelle fine, révélant notamment des variants dans l'exécution des comportements de réorientation, de locomotion, d'exploration olfactive et de toilettage. Il a également été utilisé avec succès pour quantifier les symptômes moteurs dans un modèle murin de maladie de Parkinson et de dyskinésies induites par la Lévodopa. Ce travail pose également les bases de la conception d'approches supervisées plus ciblées pour détecter l'occurrence de motifs moteurs d'intérêt et constitue une nouvelle méthode de phénotypage approfondi qui pourrait être appliquée à l'humain ou d'autres modèles animaux.