Les lauréat·es : ce que l'ERC fait aux professions scientifiques. Les cas des sciences de l'univers et de l'histoire en France
Auteur / Autrice : | Hélène Veillard |
Direction : | Laurent Willemez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 26/03/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales et humanités (Versailles ; 2020-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire PRINTEMPS (Guyancourt, Yvelines ; 1995-....) |
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....) | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Sociologie et science politique (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Nadège Vezinat |
Examinateurs / Examinatrices : Christine Musselin, Gaële Goastellec, Morgan Jouvenet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christine Musselin, Gaële Goastellec |
Résumé
À l'intersection d'une sociologie des professions scientifiques, des sciences et de l'action publique, cette thèse analyse les interactions entre un dispositif particulier de financement sur projet de la recherche européenne d'« excellence », celui de l'European Research Council (ERC), et les logiques de carrières professionnelles des chercheur·es en sciences de l'univers et en histoire, ceci dans le contexte universitaire français. Ancrée dans les travaux étudiant les modifications de la recherche sous l'effet de ce mode de management du financement sur projet, cette thèse étudie la façon dont les identités des chercheur·es, mais aussi les relations individuelles et collectives de la science se reconfigurent à partir de l'appel à projet spécifique que constitue l'ERC. Ainsi, à partir du cas de la sélection d'individus et de projets d'« excellence », ce travail interroge la fabrique des « lauréat·es » à travers un jeu intriqué d'incitations institutionnelles au dépôt de projets, de configurations de marchés universitaires nationaux et internationaux, ainsi que de logiques de fonctionnement et de cultures épistémiques plurielles.Alors que le dispositif sociotechnique de l'ERC à l'échelle européenne et les mesures incitatives au niveau national concourent à renforcer le financement d'une recherche exploratoire, individuelle et d'« excellence », comment dans ce cadre les scientifiques lauréat·es conçoivent-ils·elles leur candidature et l'obtention du projet à l'ERC ? En prenant le parti de suivre les cheminements et les différentes étapes suivies par les lauréat·es dans le cours de « leurs » projets, cette thèse scrute les cheminements individuels vers le statut de candidat·e en identifiant quatre logiques d'engagement (idée, financement, indépendance et carrière). La rédaction du projet questionne quant à elle les formes d'adéquation, d'adaptation et de traduction de soi et de son projet dans la candidature selon la perception des attendus du financeur. Le projet obtenu, c'est à la question de l'identité de chercheur·e des lauréat·es à laquelle nous nous intéressons en analysant les modalités de mise en œuvre d'un « collectif personnalisé en mode projet », non exempt d'un souci du collectif et des carrières d'autrui. Enfin, l'analyse revient de façon plus générale sur les effets de l'ERC sur les trajectoires des scientifiques des deux disciplines observées depuis le point de vue des enquêté·es, interrogeant ainsi l'émergence de voies contemporaines de carrières scientifiques renouvelées.