Thèse soutenue

Influence des toxines urémiques sur la morbi-mortalité cardiovasculaire des patients en Maladie Rénale Chronique dans la cohorte CKD-REIN

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Auteur / Autrice : Carolla El Chamieh
Direction : Ziad MassySophie Liabeuf
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 17/06/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....)
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Christophe Soulage
Examinateurs / Examinatrices : Marion Pepin, Daniel Teta
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Soulage, Stéphane Burtey

Résumé

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La maladie rénale chronique (MRC) est un problème majeur de santé publique, touchant plus que 10 % de la population adulte mondiale. Les patients avec une MRC ont un risque accru de morbi-mortalité cardiovasculaire, soulignant ainsi l'importance cruciale d'identifier des facteurs de risque associés. Les toxines urémiques (TUs) sont des molécules qui s'accumulent chez les patients avec une MRC, et qui ont été identifiées comme facteurs de risque cardiovasculaires spécifiques à la MRC. Une revue narrative, incluant toutes les études in vitro, in vivo, et observationnelles entre 2002 et 2022 sur le lien entre les TUs et le risque cardiovasculaire, a été réalisée au début de la thèse. Ceci nous a permis de conclure que la kynurénine, une TU liée aux protéines et dérivée du métabolisme du tryptophane, n'a jamais été étudiée chez les patients pré-dialysés. Ainsi le deuxième travail de thèse a permis d'évaluer l'association de la kynurénine avec les évènements cardiovasculaires. En outre, il est essentiel de repérer les facteurs qui peuvent influencer les concentrations sériques en TUs, d'autant plus que les informations disponibles sur ce sujet sont limitées. Or les inhibiteurs de pompes à protons (IPPs), qui sont des médicaments fréquemment prescrits chez les patients avec une MRC, et certaines TUs sont éliminés par les transporteurs d'anions organiques au niveau des reins. L'hypothèse d'une potentielle interaction entre ces deux n'a jamais été évalué dans la littérature. D'où l'intérêt du troisième travail de cette thèse qui a évalué l'association entre les IPPs et les TUs. Ces deux derniers travaux originaux ont été réalisés à partir des données de la cohorte CKD-REIN, qui est une large cohorte prospective représentative réalisée dans 40 consultations de néphrologie en France, incluant des patients avec une MRC modérée-à-avancée. Nous avons mis en évidence qu'une double augmentation des concentrations sériques de kynurénine libre était associée à une augmentation de 19% du rapport de risque instantané d'évènement cardiovasculaire fatal ou non (466 événements, rapport de risque [IC 95 %] : 1,19 [1,03-1,39]), indépendamment du débit de filtration glomérulaire, de la concentration sérique de tryptophane libre ou d'autres TUs, des médicaments cardioprotecteurs et des facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels. La kynurénine libre était particulièrement associée aux évènements cardiovasculaires non-athéromateux (rapport de risque [IC 95 %] : 1,31 [1,09-1,6]). Cependant, nous n'avons pas retrouvé d'association significative entre la kynurénine libre et la mortalité toute cause (311 événements, rapport de risque [IC 95 %] : 1,18 [0,9-1,4]). Dans un échantillon tiré au hasard de CKD-REIN, 31 % des patients avaient des prescriptions d'IPPs à l'inclusion. Nous avons montré que les concentrations sériques de l'indoxyl sulfate libre et total, du p-cresyl glucuronide libre et total, et de la phénylacétylglutamine étaient significativement et indépendamment plus élevées chez les patients prenant des IPPs que chez ceux qui n'en prennent pas. Cette thèse souligne la nécessité de mener davantage de recherches pour comprendre les mécanismes sous-jacents de l'effet des TUs sur la santé cardiovasculaire chez les patients atteints de MRC et développer de nouveaux traitements et approches pour réduire leur impact sur la santé de ces patients.