Étude du couplage neurovasculaire rétinien humain à haute résolution par optique adaptative
Auteur / Autrice : | Pierre Senée |
Direction : | Serge Meimon, Michel Paques, Pedro Baraçal de Mecê |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique |
Date : | Soutenance le 22/11/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Ondes et Matière |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Office national d'études et de recherches aérospatiales (France). Département Optique et Techniques Associées (1997-....) |
Référent : Faculté des sciences d'Orsay | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-....) | |
Entreprise : Quantel Medical | |
Centre hospitalier : Centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Alexandra Fragola |
Examinateurs / Examinatrices : Karsten Plamann, Stephen Burns, Delphine Débarre, Serge Charpak | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Karsten Plamann, Stephen Burns |
Résumé
L'œil, grâce à sa transparence, permet d'observer la rétine de manière non invasive via des méthodes optiques, en faisant un organe privilégié pour l'étude du couplage neurovasculaire, un mécanisme clé qui régule l'apport sanguin afin de satisfaire les besoins énergétiques des neurones. Ce processus, essentiel au bon fonctionnement cérébral, peut être altéré dans certaines pathologies oculaires et systémiques. Ainsi, le développement de systèmes d'imagerie de la rétine permettant de caractériser finement le couplage neurovasculaire grâce à une imagerie à haute résolution spatiale et temporelle du réseau vasculaire rétinien pourrait faciliter le diagnostic, la prévention et la compréhension de ces maladies.Les systèmes d'imagerie plein champ corrigés par optique adaptative (AO), tels que le banc ECUROeil développé par l'ONERA, offrent des avantages considérables pour l'étude du couplage neurovasculaire à haute résolution. Ils permettent une imagerie à la limite de diffraction (2 µm) avec un large champ et une haute cadence d'imagerie. Toutefois, la lumière diffusée par les différentes couches de la rétine réduit le contraste des images. Tout l'enjeu de ma thèse est de trouver un moyen d'améliorer ce contraste. Une piste pour cela est venue de l'utilisation d'une matrice de micromiroirs (DMD) pour projeter une illumination par motifs dans la rétine. Il a été démontré que cette technique améliore le contraste dans les zones éclairées et révèle, par contraste de phase dans les zones non éclairées, les parois des vaisseaux sanguins ainsi que les globules rouges.En s'appuyant sur ce principe, tout en conservant une imagerie à champ large et à haute vitesse, essentielle pour l'étude du couplage neurovasculaire, j'ai contribué à l'implémentation d'un nouveau système d'imagerie haute résolution : l'AO-CRSO (Confocal Rolling Slit Ophthalmoscope). Ce système projette une fine ligne d'illumination qui est balayée sur la rétine et synchronisée avec l'obturateur (« rolling shutter ») d'une caméra. En ajustant le décalage entre l'illumination et la détection, nous avons réussi à obtenir des images à contraste de phase sans distorsion, permettant ainsi de visualiser les vaisseaux sanguins et les globules rouges à 200 Hz sur un champ de 2,5° x 4°.Mon travail a ensuite consisté à adapter ce système pour l'étude de la dilatation des vaisseaux sanguins par couplage neurovasculaire au cours d'une stimulation lumineuse. Une voie de stimulation permettant de réaliser des tests « flicker », où une lumière visible est projetée dans l'œil pour stimuler les neurones de la rétine, a été intégrée dans le système. Ensuite, en utilisant des données empiriques acquises à la fois avec les systèmes DMD et AO-CRSO, j'ai optimisé les paramètres d'exposition et le décalage entre l'illumination et la détection, afin de maximiser le contraste des parois des vaisseaux sanguins. J'ai également développé un algorithme me permettant de traiter les images acquises pour mesurer automatiquement le diamètre des vaisseaux imagés. Cette méthode m'a permis de mesurer de manière robuste le diamètre des vaisseaux avec une précision de 0,1 µm toutes les 0,1 secondes sur des séquences d'imagerie de plusieurs minutes.Ce protocole a été mis en œuvre dans une étude clinique réalisée sur huit sujets sains, visant à étudier le couplage neurovasculaire avec une haute résolution spatio-temporelle. Nous avons observé une dilatation moyenne significative de 5,2 % des artères en réponse à la stimulation lumineuse. De plus, pour la première fois, nous avons pu visualiser la dynamique de dilatation des artères sous l'action simultanée du rythme cardiaque, de la vasomotion et du couplage neurovasculaire. Ces résultats ouvrent ainsi de nouvelles perspectives vers une caractérisation plus fine du couplage neurovasculaire in vivo.