Thèse soutenue

Sensibilité aux hormones glucocorticoïdes : recherche des facteurs impliqués dans la variabilité inter-individuelle

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Auteur / Autrice : Margaux Laulhé
Direction : Laëtitia Martinerie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 06/11/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Signalisations et réseaux intégratifs en biologie (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Physiologie et physiopathologie endocriniennes (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2006-....)
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Anne Barlier
Examinateurs / Examinatrices : Brigitte Delemer, Bruno Ragazzon, Marthe Moldes, Jean-Claude Carel
Rapporteurs / Rapporteuses : Brigitte Delemer, Bruno Ragazzon

Résumé

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Les corticoïdes de synthèse, dérivés des hormones glucocorticoïdes, représentent un traitement incontournable pour de nombreuses pathologies. Ils sont utilisés par environ 3% de la population mondiale, principalement dans le traitement des maladies inflammatoires, telles que l'asthme ou la polyarthrite rhumatoïde. Bien que la corticothérapie soit un traitement très efficace, elle entraine de nombreux effets secondaires, métaboliques, osseux et hormonaux, en particulier une insuffisance corticotrope post-corticothérapie, qu'il est difficile de prévoir. En effet, il existe une variabilité inter-individuelle dans la sensibilité aux corticoïdes encore mal comprise. Dans ce travail de thèse, nous nous sommes intéressés aux facteurs génétiques impliqués dans cette variabilité inter-individuelle. D'abord, nous nous sommes intéressés à plusieurs variants du gène NR3C1 codant le récepteur glucocorticoïde (GR). Le GR est le principal récepteur relayant les effets des glucocorticoïdes au niveau cellulaire. Nous avons caractérisé in vitro 3 variants du gène NR3C1. Nous avons évalué l'activité transcriptionnelle du GR, l'expression des gènes cibles et la translocation nucléaire en réponse à différents agonistes. Pour les 2 premiers variants, nous avons mis en évidence une diminution de l'activité transcriptionnelle du GR, associée à une diminution du transfert nucléaire et de l'expression des gènes cibles. Ils entrainaient une modification de la structure du GR et étaient responsable du phénotype de résistance primaire aux hormones glucocorticoïdes. Nous avons également caractérisé le variant N363S en établissant un modèle cellulaire et un modèle murin génétiquement modifiés pour exprimer le variant. En effet, ce variant est retrouvé chez 2% de la population et est associé à une augmentation de la sensibilité aux glucocorticoïdes. L'étude du modèle murin n'a pas mis en évidence de phénotype particulier lié à l'expression du variant à l'état basal en l'absence de glucocorticoïdes. L'étude du phénotype sous glucocorticoïdes est en cours. Ensuite, nous nous sommes intéressés aux gènes codant les enzymes CYP3A4 et CYP3A5. Les enzymes CYP3A4/5 sont impliquées dans le métabolisme des hormones glucocorticoïdes, mais surtout dans le métabolisme lié au premier passage hépatique des corticothérapies inhalées. Nous avons mis en évidence deux variants entrainant une perte de fonction des cytochromes CYP3A4 et CYP3A5 chez un patient ayant présenté un syndrome d'hypersensibilité aux glucocorticoïdes après une corticothérapie inhalée à dose modérée. L'absence ou la diminution d'activité des CYP3A4/5 pourrait constituer un facteur de risque facilement dépistable des complications induites par la corticothérapie en particulier inhalée.Enfin, nous avons étudié l'impact d'un traitement prolongé par dexaméthasone sur la fonction de la cellule corticotrope hypophysaire. Nous avons traité les cellules corticotropes AtT-20/D16v, qui représentent un modèle bien caractérisé pour l'étude du rétrocontrôle négatif de l'axe corticotrope par les glucocorticoïdes. L'analyse du transcriptome des cellules après traitement par dexaméthasone pendant 7 jours montre une altération importante et prolongée dans le temps, puisque le transcriptome n'est pas complètement restauré après 7 jours d'arrêt du traitement. Nous avons mis en évidence une expression différentielle de certains gènes qui sont surexprimés au moment de la récupération par rapport aux conditions traitée et contrôle, suggérant un rôle de ces gènes dans la récupération de l'axe corticotrope.Nous pensons qu'une meilleure compréhension des facteurs impliqués dans la variabilité inter-individuelle dans la sensibilité aux glucocorticoïdes et dans la récupération de l'axe corticotrope permettra d'améliorer la prise en charge des patients traités par les hormones glucocorticoïdes dans une démarche de médecine personnalisée.