Thèse soutenue

Appropriation d’une prothèse de membre supérieur chez la souris

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Auteur / Autrice : Zineb Hayatou
Direction : Luc EstebanezAntoine Chaillet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 17/09/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Signalisations et réseaux intégratifs en biologie (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des neurosciences Paris-Saclay (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) - Institut des Neurosciences Paris-Saclay
référent : Faculté de médecine
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Nathalie George
Examinateurs / Examinatrices : Amaury Francois, Frédérique de Vignemont, Nathanaël Jarrassé
Rapporteurs / Rapporteuses : Amaury Francois, Frédérique de Vignemont

Résumé

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Les recherches sur l'appropriation corporelle sont essentielles pour le développement des prothèses. En effet, l'incapacité à s’approprier une prothèse entraîne inconfort et douleurs fantômes chez de nombreux patients. Pour améliorer l'acceptation et l'utilisation des prothèses, il est donc crucial de comprendre et de pouvoir manipuler ce sens d’appropriation. Le modèle souris présente de nombreux avantages pour ces recherches grâce à ses comportements riches de membres supérieurs ainsi qu’aux technologies optogénétiques disponibles d’abord chez ce modèle. Ces techniques permettent une exploration précise du rôle du retour tactile dans l’appropriation des prothèses, et constituent une approche novatrice pour étudier ce phénomène. Dans le cadre de cette thèse j’ai participé à la construction d’un prototype d’une prothèse motorisée à l’échelle de la souris qui peut être contrôlé par l’activité neuronale enregistrée à l’aide d’électrodes chroniques implantées dans le cortex moteur des animaux. L'étude de l’appropriation est particulièrement importante dans le cadre du développement de notre modèle de neuroprothèse, pour comprendre l’interaction de différents éléments sensoriels ou moteurs sur l’intégration d’un membre artificiel. Pour étudier cette question ma thèse s’est focalisée sur l’utilisation de méthodes comportementales exploitant des illusions perceptives pour manipuler l’appropriation de membres. Ainsi, dans l'illusion de la main en caoutchouc, grâce à des stimulations visuelles et tactiles synchrones, les participants s’approprient comme faisant partie de leur corps une fausse main placée devant eux, tandis que leur vraie main reste cachée. Nous avons adapté cette illusion au modèle souris pour explorer le rôle du retour tactile dans l’appropriation des prothèses. Nous avons exposé des souris à ce paradigme, en les plaçant devant une prothèse ressemblant à leur patte, pendant que cette dernière est cachée. Après 2 minutes de stimulations, nous menaçons la patte et observons les réactions des animaux à cette menace avec une analyse automatisée de différents points d’intérêt de la face de l’animal. Les animaux montrent des signes d’appropriation envers la prothèse, démontrant que ce sens peut être étudié à ce niveau chez la souris. Dans le contexte du développement de neuroprothèses, il est nécessaire de pouvoir fournir un retour tactile artificiel aux patients quand le membre en périphérie a été perdu. C’est dans cette optique que nous avons exploré la possibilité d’induire cette illusion via des stimulations corticales des régions sensorielles de la patte par optogénétique. Nous avons d’abord mené une étude d’observation des dynamiques corticales générées par des stimulations de la patte en périphérie en utilisant de l’imagerie calcique. Cela nous a permis d’adapter nos stimulations optogénétiques pour mimer l’entrée sensorielle en périphérie. Nous avons ensuite reproduit notre premier protocole de l’illusion classique en replaçant les stimulations tactiles de la patte par des stimulations directes corticales. Les résultats préliminaires de ces expériences montrent un effet similaire à ce qui a été observé auparavant avec l’illusion classique, montrant la possibilité d’induire l’appropriation d’une prothèse à travers un retour tactile cortical. À terme, ces travaux ont permis de développer une plateforme de recherche chez le modèle souris pour le développement de neuroprothèses et permettront de développer de meilleures stratégies de retour sensoriel, pour un meilleur contrôle et une meilleure appropriation des prothèses chez des patients.