Thèse soutenue

Émergence d'une nouvelle espèce bactérienne : Bacillus anthracis, responsable de la maladie du charbon

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Auteur / Autrice : Mehdi Abdelli
Direction : Jacques Oberto
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Évolution
Date : Soutenance le 14/06/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….)
Laboratoire : Institut de biologie intégrative de la cellule (Gif-Sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Carlin
Examinateurs / Examinatrices : Guy Perrière, Gwennaële Fichant, Alice Château, Didier Lereclus
Rapporteurs / Rapporteuses : Guy Perrière, Gwennaële Fichant

Mots clés

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Résumé

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Bacillus anthracis est la bactérie responsable de la maladie du charbon et demeure une préoccupation majeure de la lutte contre le bioterrorisme. La virulence de cette bactérie hautement pathogène est portée en large part par des plasmides. Son génome résulte en effet d'un assemblage chromosome-plasmides perpétué par l'existence de conditions favorables au maintien de la bactérie pathogène dans un écosystème. Les éléments de connaissance actuels ne permettent pas d'établir le lieu d'origine de cet assemblage. D'où viennent ces plasmides ? Où sont les niches écologiques ? L'existence de plasmides similaires au sein d'espèces appartenant au même groupe Bacillus cereus est une indication encourageant la reconstitution de telles chronologies encore très incomplètes.De prime abord, nous avons caractérisé plusieurs lots de souches du groupe B. cereus pour déterminer leur pathogénicité, leur potentielle acquisition de plasmides et leur position phylogénétique vis-à-vis de B. anthracis. Cela a amené à détecter les souches du groupe B. cereus qui sont actuellement les plus proches voisines connues de B. anthracis. Cet enrichissement du voisinage a été déterminant dans la suite des travaux, qui ont consisté à s'intéresser à l'émergence de B. anthracis. En effet, la meilleure connaissance de son voisinage a permis de situer l'apparition de l'ancêtre de B. anthracis. En outre, de nouveaux types de miniréplicons relatifs aux plasmides du groupe B. cereus ont été observés dans les proches voisins découverts. Leur analyse a permis d'émettre des hypothèses sur l'acquisition de ces derniers au cours de l'histoire évolutive du groupe B. cereus, et a fortiori sur l'acquisition de certains facteurs de virulence. Le modèle d'émergence établi pour le pathogène B. anthracis s'avère transposable à d'autres espèces clonales, pathogènes pour l'Homme et très proches d'espèces environnementales (par exemple Yersinia pestis, Mycobacterium tuberculosis, Brucella ou Francisella tularensis).L'émergence clonale récente de B. anthracis observée dans la première partie des travaux, indiquant une apparition dans une région géographique spécifique (forêt Centre-Africaine), a motivé la recherche de nouvelles souches de B. anthracis dans des données métagénomiques. En principe, la démarche est simple, et plusieurs outils bioinformatiques performants permettent d'inventorier une masse de données génétiques. Ces outils utilisent des génomes de références et une taxonomie, pour assigner chacun des tronçons de séquence à un niveau taxonomique. Cependant, les inventaires produits qui, globalement, sont très précis, peuvent être inexacts pour les évènements rares. C'est particulièrement le cas pour la détection de pathogènes, dont B. anthracis. Ainsi, certaines études ont conclu à sa présence dans des environnements urbains. Dans ce cas, l'erreur d'interprétation résultait principalement de l'insuffisance des bases de données de référence. Un pipeline de détection dans des échantillons métagénomiques a donc été conçu. Un jeu de données test a également été mis en place, avec l'élaboration de métagénomes environnementaux enrichis par B. anthracis et/ou des souches du groupe B. cereus et/ou d'autres agents pathogènes, pour tester la sensibilité et la spécificité du pipeline. Cet ensemble de données pourra par ailleurs servir de manière générale à l'évaluation future d'outils de détection de B. anthracis. Sur la base de ce nouvel outil, une recherche massive a été opérée dans des échantillons métagénomiques publics. Là encore, la démarche peut être généralisée et ce pipeline de détection est transposable à d'autres pathogènes pour l'Homme.