Phylogénie profonde des archées et dynamique évolutive des DPANN
Auteur / Autrice : | Brittany Baker |
Direction : | David Moreira, Laura Eme, Purificación López-García |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Évolution |
Date : | Soutenance le 01/03/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....) |
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....) | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….) | |
Jury : | Président / Présidente : Graeme W. Nicol |
Examinateurs / Examinatrices : Anja Spang, Ana Belen Martin-Cuadrado, Tamara Basta-Le Berre, Guillaume Borrel | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anja Spang, Ana Belen Martin-Cuadrado |
Mots clés
Résumé
Les archées constituent l'un des trois grands domaines du vivant, avec les bactéries et les eucaryotes, et sont présentes dans presque tous les environnements terrestres connus. Néanmoins, l'arbre des archées n'est pas encore complètement résolu, limitant notre compréhension de l'évolution de ces organismes. Par exemple, on ne sait pas combien de fois les archées se sont adaptées aux environnements hypersalins. Selon la position phylogénétique des groupes d'halophiles actuellement connus, ce nombre peut aller de un à quatre. De même, les archées DPANN constituent l'un des quatre supergroupes majeurs d'archées avec les TACK, les Asgard et les Euryarchaeota, mais leur monophylie et leur position phylogénétique restent très débattues. Ces archées de taille nanométrique sont généralement considérées comme des épibiontes dont la croissance et la survie sont obligatoirement liées à une autre archée hôte. La position phylogénétique des DPANN a des implications importantes pour comprendre le rythme et le mode d'évolution de ces archées épisymbiotiques mais aussi des autres grands groupes d'archées.L'objectif principal de ma thèse était de mieux comprendre l'histoire évolutive des archées halophiles et DPANN avec des analyses phylogénétiques approfondies. Mes recherches ont révélé que les archées halophiles se sont adaptées indépendamment aux environnements hypersalins au moins quatre fois. Dans le cadre de ce projet, deux nouvelles familles halophiles extrêmes, les Afararchaeaceae et les Asbonarchaeaceae, ont été identifiées dans des lacs hypersalins de la dépression de Danakil (Éthiopie). Mes analyses ont également clarifié les incohérences phylogénétiques antérieures, soulignant que le contenu très biaisé en acides aminés chez les halophiles conduit à des artefacts phylogénétiques. En minimisant ces biais, j'ai obtenu des placements phylogénétiques plus fiables. J'ai également reconstruit l'histoire évolutive des familles de gènes d'archées en identifiant des événements tels que les duplications, les transferts, les origines et les pertes de gènes à l'aide de méthodes de réconciliation d'arbres. Je me suis concentrée sur les événements spécifiques aux branches menant aux différentes lignées halophiles. Ces résultats suggèrent que la duplication et le transfert horizontal de gènes ont joué un rôle important dans l'adaptation à l'halophilie, par exemple en propageant des gènes clés (tels que ceux codant pour les transporteurs de potassium) dans les différentes lignées halophiles extrêmes. En parallèle, j'ai cherché à élucider l'histoire évolutive des archées DPANN. Cela impliquait une étude complète de leur phylogénie, en utilisant un ensemble étendu de marqueurs protéiques conservés et un échantillonnage complet de taxons qui inclut des représentants des 11 phylums DPANN connus. Avec des méthodes pour atténuer l'impact potentiel des biais de composition et de l'attraction des longues branches, j'ai obtenu un soutien solide pour la monophylie des DPANN et leur placement au sein des Euryarchaeota. En outre, mes recherches ont révélé qu'au sein des DPANN, les Altiarchaeota, des organismes possiblement de vie libre, représentent la branche divergente la plus précoce. L'ensemble de ces résultats a montré que les archées DPANN sont un groupe monophylétique qui a évolué à partir d'un ancêtre Euryarchaeota de vie libre. Alors que les pipelines phylogénétiques automatisés sont capables de résoudre certaines questions phylogénétiques sur les archées, ce travail a montré que des analyses phylogénomiques approfondies sont encore nécessaires pour résoudre les principales branches de l'arbre des archées. Cette recherche a démontré que, malgré la connaissance de longue date des artefacts phylogénétiques tels que les biais de composition, il n'y a pas un seul biais qui puisse expliquer toutes les incohérences observées dans la phylogénie des archées.