Thèse soutenue

Étude des interactions de ligands et d'anticorps avec les i-motifs de l'ADN

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Auteur / Autrice : Joseph Boissieras
Direction : Anton GranzhanDennis Gomez-Zamorano
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie
Date : Soutenance le 09/12/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences chimiques : molécules, matériaux, instrumentation et biosystèmes (Orsay, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chimie et modélisation pour la biologie du cancer (Orsay, Essonne ; 2015-....) - Institut de pharmacologie et de biologie structurale (Toulouse ; 1996-....)
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Chimie (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Gilles Gasser
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Mergny, Marcel Hollenstein, Rachel Méallet-Renault
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Louis Mergny, Marcel Hollenstein

Résumé

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Les i-motifs sont des structures tétramériques d'ADN constituées de paires de bases CH+:C intercalées et qui peuvent se former dans des séquences d'ADN riches en cytosine, notamment dans les conditions légèrement acides (pH≈6,0) où certaines cytosines seront protonées. Bien qu'elles soient connues depuis plus de 30 ans, du fait de leur forte dépendance au pH ces structures ont longuement été considérées comme uniquement présentes in vitro. Plus récemment, en 2018, un anticorps iMab a été développé pour cibler les i-motifs et les études ont suggéré leur présence au niveau cellulaire. De nombreuses séquences pouvant former des i-motifs ont été identifiées dans des zones actives du génome, au niveau de télomères ou de promoteurs d'oncogènes, suggérant alors de potentiels rôles biologiques de cette structure. Afin de déterminer ces effets, des outils complémentaires à l'anticorps doivent être développés afin de pouvoir contrôler la formation et la stabilité du i-motif. Ces composés chimiques, capables de stabiliser la structure et ainsi de contrôler sa formation, sont appelés ligands. De nombreux composés ont été décrits au fil des années mais aucun composé n'a aujourd'hui été unanimement admis comme ligand de i-motif de l'ADN. Cette absence de ligand de référence s'explique notamment par les méthodes utilisées jusqu'à présent pour observer les interactions des molécules avec la structure du i-motif. En effet, les techniques employées ont été héritées des études d'autres structures d'ADN et de nombreux biais introduits par celles-ci ont été identifiés, remettant en question les effets précédemment observés. Afin d'éclaircir le sujet et de conclure sur les différents effets de composés, nous avons alors proposé une méthode d'étude spécifique aux i-motifs permettant d'évaluer les effets de ligands sur la structure. Pour cela, une méthode dite de titration potentiométrique, basée sur des études de dichroïsme circulaire à différents pH à température constante, a été développée et validée sur le i-motif. Cette technique permet d'observer sans marquage de l'ADN l'état de ce dernier à différents pH, et ainsi de détecter une stabilisation causée par un ligand. Cette méthode a ensuite été couplée à des études thermiques et les deux ont alors été utilisées pour tester différents composés issus de la littérature et observer leurs effets sur la stabilité du i-motif vis-à-vis du pH. Nos résultats montrent que parmi tous les composés testés, aucune des petites molécules testées n'est capable de stabiliser un i-motif natif. Si trois composés (TMPyP4, BRACO-19 et Mitoxantrone) ont montré un effet déstabilisant sur la structure, seul le complexe [Ru(phen)2dppz]2+ a montré une certaine capacité de stabilisation. Néanmoins, cette stabilisation n'a été observée que sur une séquence spécifique à longues boucles, suggérant que cette interaction ne se fait que par des interactions avec des boucles d'ADN. Les effets des autres composés ont également été étudiées sur ces boucles, suggérant que les effets précédemment observés dans la littérature ne résultent que d'interactions à longues boucles, non spécifiques au i-motif. Dans la seconde partie, la spécificité de l'anticorps iMab a également été testée et les résultats démontrent que cet anticorps cible des séquences d'ADN riches en cytosines et non spécifiquement le i-motif. D'autres résultats indiquent même que cet anticorps est capable de déplier le i-motif suggérant là encore que cet anticorps se lie aux séquences C-riches dépliées. Dans l'ensemble, les résultats présentés dans cette thèse ne montrent qu'aucun des composés testés n'est capable de stabiliser le i-motif en interagissant directement avec le i-motif, mettant en lumière les difficultés de cibler la structure. De plus, les résultats concernant l'anticorps remettent en question l'interprétation des foyers nucléaires observés dans d'autres études et qui représentent aujourd'hui les seules observations de i-motifs natifs au niveau cellulaire.