Socioéconomie des filiales chinoises de construction en Algérie : stratégie, marché et rapports sociaux. Enquête auprès de la CRCC et de la CCCC Ltd sur les chantiers de la Nouvelle Ville de Bejaïa
Auteur / Autrice : | Hicham Rouibah |
Direction : | Isabelle Guérin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques : changement social et mutations économiques |
Date : | Soutenance le 11/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Gilles Guiheux |
Examinateurs / Examinatrices : Fabien Éloire | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Mehdi Larbi, Elsa Lafaye de Micheaux |
Mots clés
Résumé
Cette recherche examine les dynamiques économiques et sociales des entreprises chinoises du BTPH en Algérie, actives depuis les programmes de développement de 2004-2009 et 2010-2014 initiés par le président Bouteflika, focalisés sur les infrastructures et le logement public. La thèse repose sur une enquête de terrain de dix mois (2017-2019) à Bejaïa, notamment sur des chantiers de logements sociaux menés par la CRCC et la CCCC Ltd. La première partie aborde les relations sino-algériennes, mettant en lumière leur complexité au-delà des échanges commerciaux, et présente une méthodologie interdisciplinaire combinant ethnographie, entretiens, statistiques et analyses documentaires. La seconde partie discute de l'économie politique des filiales chinoises, adaptées aux dysfonctionnements du marché algérien tels que la corruption et le clientélisme. Elles bénéficient de financements étatiques chinois et pratiquent une solidarité inter-filiales permettant l'entraide et le transfert clandestin de capitaux. La stratégie inclut l'internalisation des ressources et l'optimisation des coûts par l'emploi de main-d’œuvre principalement asiatique et subsaharienne, facilitant l'importation directe de capitaux fixes et la mutualisation d'actifs entre filiales. La dernière partie s'intéresse aux conditions de travail et aux relations interpersonnelles au sein de ces entreprises, révélant une main-d’œuvre migrante exploitée sous coercition, avec des motivations variées selon les nationalités. Les tensions quotidiennes résultent des disparités de conditions de vie et des conflits interethniques et de pouvoir, reflétant des dynamiques de résistance et de solidarité. Les enclaves résidentielles, proches des chantiers, servent d'espaces stratégiques mais aussi de zones de tensions avec les communautés locales. Ces interactions conflictuelles visent à exercer une pression sur les autorités algériennes en ciblant ces acteurs étrangers. Ce travail de recherche met en lumière les stratégies complexes et les interactions socioéconomiques entre les filiales chinoises du BTPH et la société algérienne, dans un contexte marqué par les spécificités politiques et économiques du pays.