Étude du rôle de la mini-puberté dans la régulation de la fonction de reproduction
Auteur / Autrice : | Mélanie Chester |
Direction : | Céline Guigon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie et physiopathologie |
Date : | Soutenance le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité de biologie fonctionnelle et adaptative (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Gabriel Livera |
Examinateurs / Examinatrices : Sébastien Elis, Daniel Vaiman | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Konstantina Chachlaki, Séverine Mazaud-Guittot |
Mots clés
Résumé
La mini-puberté est une période développementale, caractérisée par une activation transitoire de l'axe gonadotrope, qui survient après la naissance chez les mammifères. Bien que peu étudiée, la conservation de cette période chez les mammifères suggère qu'elle joue un rôle physiologique primordial. Chez les femelles, l'activation de l'axe gonadotrope résulte en l'élévation des hormones gonadotropes, l'hormone folliculo-stimulante (FSH) et l'hormone lutéinisante (LH), qui stimulent la production d'oestradiol (E2) par les ovaires. Différentes études du laboratoire ont démontré que l'élévation des gonadotropines durant la période mini-pubertaire favorise la croissance folliculaire ainsi que la sécrétion massive de l'E2. Cette hormone stéroïde semble être indispensable au développement des glandes mammaires et de l'utérus. Cependant, la possibilité que l'E2 produit durant la mini-puberté contribue à la maturation des structures hypothalamiques impliquées dans la fonction de reproduction a rarement été étudiée. Au cours de ma thèse, j'ai analysé le rôle de la mini-puberté et plus particulièrement de l'E2 dans la mise en place de la fonction de reproduction ainsi que dans la fertilité à plus long terme. Dans un premier temps, nous avons caractérisé l'initiation de la puberté et la fertilité chez des souris dont les taux de gonadotropines au cours de la mini-puberté ont été considérablement réduits par l'injection d'un antagoniste du récepteur de la GnRH tout au long de cette période. Des études antérieures ont démontré que ce traitement entraine une diminution d'environ 85 et 90 % respectivement, des taux de FSH et de LH ainsi que de 50 % des taux d'E2. Chez ces souris, nos travaux ont mis en évidence que la réduction des gonadotropines durant la mini-puberté n'a pas d'impact sur la mise en place de la puberté, la cyclicité sexuelle ainsi que la fertilité à des âges précoces. De manière surprenante, nous avons pu observer que 33 % des femelles traitées par l'antagoniste étaient toujours fertiles à 11 mois, contre seulement 6 % des femelles non traitées. À cet âge, les ovaires de souris traitées montraient un nombre diminué de follicules primordiaux, primaires et secondaires, associée à une diminution de l'expression relative du gène de l'AMH ainsi que des taux circulants de cette hormone. Toutefois, nous n'avons pas observé de changements dans l'expression génique de marqueurs ovariens reflétant l'activité endocrine de l'ovaire tels que l'aromatase Cyp19a1, les sous-unités ßA et ßB de l'inhibine, ou encore les récepteurs des gonadotropines. La déplétion folliculaire accélérée chez les souris traitées n'était pas associée à un changement du niveau basal de LH tandis qu'il augmentait considérablement chez les souris non traitées, comme le décrit la littérature au cours de la sénescence reproductive. Il n'y a toutefois pas eu d'impact du traitement sur le nombre de neurones régissant la fonction de reproduction comme les neurones à kisspeptine et à GnRH. Il reste cependant à mieux caractériser le rôle de l'E2 produit durant la mini-puberté sur l'organisation en réseaux de ces neurones hypothalamiques. Ces données montrent que l'activité endocrine de l'ovaire durant la mini-puberté peut avoir des effets à long terme sur la fonction de reproduction (article en préparation). Il serait intéressant d'étudier les mécanismes génétiques et épigénétiques par lesquels agissent les hormones ovariennes et notamment l'E2 produit durant la mini-puberté. Parallèlement à ces recherches, nous avons mis en place une étude méthodologique non invasive visant à déterminer des paramètres fiables permettant d'établir l'âge précis de la première ovulation chez les souris femelles. Cette méthode repose sur la mesure des taux de LH et FSH et a été validée en la confrontant à la méthode invasive de Pub-Score développé par une autre équipe, qui date l'ovulation à partir de l'analyse morphologique des ovaires (article en préparation).