Démographie des loups dans les paysages dominés par l'homme : perspectives pour la conservation des loups dans l'Anthropocène

Wolf demography in human-dominated landscapes : Insights for wolf conservation in the Anthropocene

• Auteur / Autrice : Mónia Nakamura Mercier Real
• Direction : Olivier Gimenez, Pedro MONTERROSO, José Vicente Lopez-Bao
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Ecologie et Biodiversité
• Date : Soutenance le 04/04/2024
• Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....) en cotutelle avec Universidade do Porto
• Ecole(s) doctorale(s) : Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier)
• Jury : Président / Présidente : Nuno Ferrand de Almeida
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Paulo Célio Alves, Ana Rodrigues
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Francesca Marucco, Barbara Zimmermann

Mots clés

Mots clés contrôlés

Population

Canis rufus

Mots clés libres

Canis lupus

Dispersion

Modèle dynamique d'occupation

Perturbation humaine

Modèle intégré de population

Croissance démographique

Canis lupus

Dispersal

Dynamic occupancy model

Human disturbance

Integrated population model

Population growth

Résumé

Les populations de grands carnivores se sont reconstituées et ont recolonisé plusieurs régions au cours des dernières décennies. Cependant, leur comportement prédateur entraîne souvent des conflits avec l'homme, ce qui se traduit par l'abattage préventif ou en représailles des grands carnivores. La persécution directe et d'autres perturbations anthropogéniques rendent la conservation et la gestion des grands carnivores dans les paysages dominés par l'homme particulièrement difficiles. L'objectif principal de cette thèse est d'étudier l'impact des facteurs anthropogéniques sur la persistance des grands carnivores dans les paysages dominés par l'homme. Parmi tous les grands carnivores, les loups (Canis lupus) sont remarquablement résistants et capables de s'adapter à diverses conditions d'habitat. Les études évaluant la manière dont les facteurs anthropogéniques ou environnementaux affectent la persistance des loups et le nombre d'individus, ainsi que la compréhension de la dynamique et de la démographie des populations de loups, font défaut dans les paysages dominés par l'homme. Basée sur un suivi à long terme des loups dans les paysages ibériques dominés par l'homme, cette thèse estime la répartition spatiale des loups et identifie les zones potentielles de recolonisation ; évalue les caractéristiques des sites de reproduction et identifie les facteurs influençant le nombre d'individus dans les meutes ; et aborde le statut et la viabilité d'une population en évaluant sa dynamique spatio-temporelle, ses paramètres démographiques, et ses probabilités d'extinction.Selon le modèle d'occupation dynamique développé, la probabilité de colonisation des loups était positivement associée à l'altitude, à la densité du bétail et à la densité des routes non asphaltées, et négativement à la proportion de zones brûlées et à la densité des routes nationales-régionales et locales. De manière cohérente, la probabilité d'extinction diminue avec l'augmentation de la densité des routes non asphaltées. En évaluant la dynamique de l'aire de répartition du loup au cours des vingt dernières années en Ibérie, nous avons constaté que les probabilités d'occupation et de colonisation étaient plus élevées dans les zones où les loups ont persisté ou se sont étendus que dans les zones où ils se sont éteints ou à la périphérie de l'aire de répartition de l'espèce. Cependant, les fronts d'expansion inattendus et les stagnations observées au cours des vingt dernières années soulignent l'effet possible des facteurs sociaux liés à l’homme sur le rétablissement des populations de loups et la nécéssité d’evaluer ces facteurs. Sur la base des probabilités de colonisation et d'occupation, une carte d'adéquation de l'habitat a été élaborée, dans laquelle sont identifiées les zones prioritaires pour la mise en œuvre d'actions de conservation et de mesures d'atténuation. En évaluant les caractéristiques autour des sites de reproduction (zones tampons de 1, 2 et 5 km) et les variations du nombre de loups, nous montrons que la disponibilité des refuges influence positivement le nombre d'adultes à toutes les tailles de zones tampons. La densité de la population humaine, la densité des routes asphaltées, la proportion de zones brûlées, la rugosité et la densité des meutes influencent négativement le nombre d'adultes, en particulier dans les zones tampons les plus petites. Bien que les résultats indiquent qu'une plus grande disponibilité de refuges et une plus faible densité de routes non asphaltées augmentent le nombre de jeunes, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer les facteurs qui influencent le nombre de jeunes. Cette étude révèle l'importance des zones avec suffisamment de refuges et peu de perturbations humaines pour le nombre d’individus, en particulier sur les sites de reproduction, car les loups peuvent être particulièrement exposés et sensibles pendant la saison de reproduction.

Large carnivore populations have been recovering and recolonizing several areas in recent decades. However, their predatory behaviour often leads to conflicts with humans, resulting in preemptive or retaliatory killing of large carnivores. Direct persecution and other anthropogenic disturbances make large carnivore conservation and management in human-dominated landscapes particularly challenging. This thesis's main objective is to investigate the impact of anthropogenic factors on large carnivore persistence in human-dominated landscapes. Among all large carnivores, wolves (Canis lupus) are remarkably resilient and able to adapt to various habitat conditions. Studies assessing how anthropogenic or environmental factors affect wolf persistence and the number of individuals and understanding wolf population dynamics and demography are lacking for human-dominated landscapes. Based on long-term wolf monitoring in human-dominated landscapes of Iberia, this thesis estimates wolf occupancy and identifies potential areas for recolonization; evaluates homesite (i.e. reproduction sites) characteristics and identifies factors influencing the number of individuals in packs; and addresses the status and viability of a population by assessing its spatiotemporal dynamics, demographic parameters, and extinction probabilities.According to the developed dynamic occupancy model, wolf colonization probability was positively associated with altitude, livestock density, and unpaved road density, and negatively with the proportion of burned areas and national-regional and local road densities. Coherently, extinction probability decreased with higher unpaved road density. By evaluating the wolf range dynamics in the last twenty years in Iberia, we found occupancy and colonization probabilities to be higher in areas where wolves persisted or expanded than in areas where they went extinct or at the periphery of the species range. However, unexpected expansion fronts and stagnations observed in the last twenty years emphasize the possible effect of human-related social factors on the recovery of wolf populations and the need to assess such factors. Based on colonization and occupancy probabilities, a habitat suitability map was developed, in which priority areas for implementing conservation actions and mitigation measures are identified. By evaluating the characteristics around homesites (1, 2, and 5 km buffers) and the variations in the number of wolves, we show that refuge availability positively influences the number of adults at all buffer sizes. Human population density, paved road density, the proportion of burned areas, ruggedness, and pack density negatively influenced the number of adults, particularly at smaller homesite buffers. Although results indicate that higher refuge availability and lower unpaved road densities increase the number of pups, further research is needed to assess factors influencing the number of pups. This study reveals the importance of areas with sufficient refuge and low human disturbance for the number of wolves, particularly at homesites, since wolves can be particularly exposed and susceptible during the breeding season.The long-term monitoring study in northwestern Portugal revealed a decline in the number of wolves between 1996 and 2005, with only two of the six packs remaining at the end of this period, arguably due to direct wolf persecution and low habitat connectivity between packs. However, since 2007, wolves have been recovering and recolonizing the study area, with two core packs playing a crucial role in recovering and maintaining several neighbouring sink packs. Subsequently, sink packs facilitated dispersal through a stepping-stone process. Core packs showed higher values of group persistence, breeding success and pack sizes compared to sink packs, which went extinct over several years.