Thèse soutenue

Étude des effets de l'hippurate et de ses cibles sur la biologie des cellules bêta et hépatiques

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Auteur / Autrice : Maxime Deslande
Direction : Marc-Emmanuel Dumas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 09/12/2024
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génomique intégrative et modélisation des maladies métaboliques (Lille) - Metabolic functional (epi)genomics and molecular mechanisms involved in type 2 diabetes and related diseases - UMR 8199 - UMR 1283
Jury : Président / Présidente : Isabelle Fournier
Rapporteurs / Rapporteuses : Rémy Burcelin, Fabienne Foufelle

Résumé

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Les maladies cardiométaboliques telles que l'obésité, la maladie du foie associée à un dysfonctionnement métabolique (MASLD) et le diabète de type 2 voient leur prévalence augmenter. Le microbiome intestinal joue un rôle clé dans ces pathologies, non seulement par ses interactions directes avec l'hôte, mais surtout à travers la production et la transformation de molécules, les métabolites. Parmi ces derniers, l'hippurate émerge comme un acteur important. Ce métabolite est associé à plusieurs marqueurs de santé métabolique, notamment une meilleure tolérance au glucose, une amélioration de la sécrétion d'insuline et une corrélation négative avec la stéatose hépatique. Toutefois, bien que des études suggèrent un impact bénéfique sur le métabolisme hépatique et pancréatique, la manière dont l'hippurate influence directement la fonction de ses tissus reste à élucider. L'hippurate agirait directement sur le métabolisme des organes majeurs tels que le pancréas et le foie, en améliorant la physiologie des cellules bêta et des hépatocytes, permettant de renforcer leur capacité à répondre aux situations de stress rencontrées dans les maladies cardiométaboliques. Il revient donc de caractériser les effets fonctionnels de l'hippurate sur la signalisation, le contrôle de la traduction et le métabolisme des hépatocytes et des cellules bêta pancréatiques in vitro, dans des conditions associées aux maladies cardiométaboliques, telles que l'excès d'acides gras libres et l'insulinémie chronique. Pour cela, l'analyse d'une cohorte regroupant les échantillons de sang, de tissu et d'analyses du transcriptome de patients souffrant ou non de MASLD en fonction de la concentration d'hippurate a été faite. Également, les voies de signalisation ciblées par l'hippurate ainsi que leur influence sur la traduction et la composition du protéome cellulaire ont été analysées à l'aide de techniques d'immunologie, de fractionnement des ribosomes et de protéomique. D'autre part, le métabolisme des hépatocytes et son altération par l'hippurate ont été évalués et quantifiés par spectrométrie de masse. Enfin, le phénotype de ces cellules en réponse à l'hippurate, dans des contextes de stress induits par le palmitate ou l'insulinémie chronique, a été mesuré à travers la sécrétion d'insuline, l'internalisation du glucose et le stockage des triglycérides. Ces résultats ont confirmé la corrélation positive entre les niveaux d'hippurate, notamment hépatique, et la santé métabolique, avec une corrélation négative pour les marqueurs de la MASLD ainsi que les gènes liés à la stéatose et à l'inflammation. Plus précisément, il a été démontré que l'hippurate, via l'inhibition des kinases Mnk1 et Mnk2, inhibe la traduction des cellules bêta, en réduisant notamment les protéines associées à l'inflammation, tout en favorisant celles impliquées dans la régulation énergétique . Par ailleurs, l'hippurate, partiellement internalisé par les transporteurs MCT1 et MCT2 dans les hépatocytes, a montré sa capacité à modifier directement le métabolisme hépatique, aussi bien en condition basale qu'en hyperinsulinémie chronique. Il favorise ainsi l'augmentation relative des métabolites liés à l'homéostasie énergétique et diminue ceux associés à l'inflammation et à la résistance à l'insuline, agissant comme un antagoniste subtil à l'insulinémie chronique. Les phénotypes observés corroborent les données de protéomique et de métabolomique, révélant que l'hippurate inhibe la stéatose hépatique en condition basale, lipotoxique ou d'hyperinsulinémie chronique, et améliore également la sécrétion d'insuline des cellules bêta. Ces travaux apportent de nouvelles preuves précliniques et cellulaires, soulignant le rôle proactif de l'hippurate et ils pavent la voie à une meilleure compréhension de son mécanisme d'action, bien que des questions subsistent encore, consolidant ainsi sa place en tant qu'agent favorable pour la santé.