Mycobiome et maladies inflammatoires chroniques de l'intestin : Impact de la dysbiose sur l'inflammation intestinale et le processus fibrotique
Auteur / Autrice : | Marjorie Cornu |
Direction : | Boualem Sendid |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 24/04/2024 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité de Glycobiologie Structurale et Fonctionnelle (Villeneuve d'Ascq ; 1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Mathurin Fumery |
Examinateurs / Examinatrices : Boualem Sendid, Alicia Moreno Sabater, Silvia Speca | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Ranque, Alicia Moreno Sabater |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Introduction. Alors que le mycobiote représente une part quantitative négligeable, en apparence, du microbiote intestinal, les preuves de son rôle dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, et notamment la maladie de Crohn (MC), sont croissantes. Ce travail avait pour objectif d’évaluer l’impact de Candida albicans et Saccharomyces cerevisiae sur l’inflammation et la fibrose intestinale (FI), mais également sur la production des anticorps anti-S. cerevisiae (ASCA), reconnaissant des séquences oligomannosidiques de faible degré de polymérisation ayant un résidu α,1-3 mannose terminal.Méthodes. Des modèles murins (C57BL/6, axénique et CEABAC10 exprimant CEACAM6 humaine) et cellulaires (fibroblaste CCD-18Co et cellule épithéliale intestinale Caco-2) d’inflammation et de FI induites (par sulfate de dextrane sodique ou TGF-β) ont été utilisés pour évaluer les réponses cellulaires, tissulaires et systémiques aux levures et à la souche bactérienne LF82, souche adhérente invasive d’Escherichia coli (AIEC) utilisée comme témoin, par analyse histologique, RT-q-PCR et détermination des ASCA. Parallèlement, une analyse métagénomique (MTG) du mycobiote fécal et la détermination des ASCA et de la calprotectine fécale étaient réalisés dans le cadre d’une étude cas-témoins, « MAGIC », incluant des sujets atteints de la MC de diagnostic récent et en rémission clinique comparés à leurs apparentés sains du premier degré, ainsi qu’à des témoins sains appariés. Cette étude était réalisée en collaboration avec d’autres équipes de recherche, analysant notamment le microbiote fécal bactérien et caractérisant les souches AIEC.Résultats. Dans le modèle murin de FI chimio-induite, LF82 aggravait l’inflammation et la FI cliniquement, microscopiquement et à l’échelle de l’expression génique (EG). C. albicans augmentait l’EG surtout des marqueurs de l’inflammation alors que S. cerevisiae n’avait pas d’effet. In vitro, seules les cellules épithéliales répondaient au TGF-β et/ou à LF82 et l’EG des marqueurs pro-fibrotiques était augmentée, tandis que les levures n’avaient pas d’effet sur la FI. Par ailleurs, les levures n’induisaient pas la synthèse d’ASCA chez les différents modèles murins étudiés. Dans l’étude clinique MAGIC, 41,7% des patients atteints de la MC étaient porteurs d’ASCA, 2,9% des apparentés sains et 1,8% des témoins sains, aucune différence n’était observée selon l’âge. L’analyse MTG bactérienne, montrait un profil spécifique chez les apparentés sains (richesse et AIEC plus élevées) vs. témoins et patients atteints de MC, liée notamment à la présence de bactéries symbiontes, mais également la présence plus élevée d’AIEC vs. témoins ; les patients atteints de MC présentaient une diversité plus basse vs. témoins et apparentés sains, ainsi que la présence d’AIEC plus élevée vs. témoins. Cependant, le mycobiote fécal était similaire entre les différents groupes, que ce soit en abondance relative (notamment pour C. albicans et S. cerevisiae), ou en alpha-, beta-diversités. Aucune association n’a été retrouvée entre micromycètes et les différents paramètres évalués (calprotectine, ASCA, AIEC).Conclusion. Dans les limites des modèles utilisés, les levures ici étudiées n’avaient pas d’impact sur la FI, contrairement à LF82, et ne semblaient pas être responsables de la synthèse d’ASCA. L’hypothèse de l’auto-anticorps reste à approfondir. L’analyse MTG fongique des selles des sujets de l’étude MAGIC fait suggérer que les modifications observées dans d’autres études seraient une conséquence de la MC. En effet, l’absence de profil fongique spécifique pourraient s’expliquer par le fait que les sujets inclus atteints de MC présentaient un diagnostic récent et donc un profil fongique peu modifié à ce stade de la maladie. Toutefois, la qualité de ces données justifie que ces résultats soient confirmés sur une large cohorte de patients atteints de MC suivis de manière séquentielle en début et au décours de la maladie.