L'image latente : Repenser la circulation des images à l'aune de leur potentialité

The latent image : Rethinking images circulation in light of their potentiality

• Auteur / Autrice : Simon Zara
• Direction : Nathalie Delbard
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Arts (histoire, théorie et pratique)
• Date : Soutenance le 26/06/2024
• Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude des arts contemporains (Villeneuve-d'Ascq, Nord)
• Jury : Président / Présidente : Anne Creissels
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Antonio Somaini
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Anna Guilló, Vivien Philizot

Mots clés

Mots clés contrôlés

Arts

Culture visuelle

Illustrations -- Interprétation

Mots clés libres

Image

Latence

Culture visuelle

Flux

Medium

Agentivité

Image

Latency

Visual culture

Flow

Medium

Agency

Résumé

Depuis l'avènement de la société de l'information et du réseau informatique, l'écologie du visuel semble s'être reconfigurée en un enchevêtrement complexe de « voiries iconiques » [Peter Szendy]. Les régimes d'échange, de propagation et de mutation des signes visuels qui animent ces voiries nécessitent en conséquence de repenser l'ontologie de l'image. Ce travail de recherche, à la croisée des arts plastiques, de la théorie de l'art, des études visuelles et de l'épistémologie, propose non pas une typologie inédite d'images mais d'appréhender la circulation des images depuis une autre perspective : leur latence. Emprunté au vocabulaire de la photographie argentique, le concept d'image latente définit ainsi un état indéterminé dans lequel tous les potentiels existent simultanément. Cette conception de l'image décentrée du visible et du visuel met en lumière le moment d'attente de la manifestation de l'image, le fond d'infigurable qui préside à toute opération imageante. Le corpus des cas étudiés, composé d'œuvres d'art, de pratiques visuelles, de phénomènes culturels et de textes théoriques, se concentre sur une période allant des années 1990 aux années 2020 et s'articule notamment autour de trois projets de l'artiste français Philippe Parreno (Fleurs, No Ghost Just a Shell et Birthday Zoe). Ces derniers permettent de reconsidérer certaines caractéristiques prêtées aux images dans les discours scientifiques, artistiques ainsi que populaires et structurent la recherche autour de trois modèles analogiques : l'image en tant que fleur (elle se propagerait et se multiplierait grâce à une forme de dissémination), femme-enfant (elle est perçue comme un sujet féminin, instable et malléable) et fantôme (elle serait capable de survivre à son contexte d'origine et même de nous hanter). Une analyse critique de ces modèles demande de penser le medium des images en tant que milieu qui inclut humains et non-humains, et autant le regardeur que le chercheur. Une fois notre point de vue relocalisé à l'intérieur de la circulation des images, la latence s'envisage à l'aune de la puissance d'agir de chaque agent de ce milieu [Alfred Gell]. L'un des enjeux de cette recherche est alors de comprendre comment cet état de suspens est réifié par certains acteurs en tant que territoire à quantifier, à contrôler, à rentabiliser, ou encore à coloniser.

Since the advent of the information society and the computer network, the ecology of the visual seems to have been reconfigured into a complex tangle of “iconic routes” [Peter Szendy]. The regimes of exchange, propagation and mutation of visual signs that animate these routes require us to rethink the ontology of the image. This research work, at the crossroads of visual arts, art theory, visual studies and epistemology, proposes not a new typology of images, but to apprehend the circulation of images from another perspective: their latency. Borrowed from the vocabulary of film photography, the concept of the latent image defines an indeterminate state in which all potentials exist simultaneously. This concept of the image as decentred from the visible and the visual highlights the moment of expectation for the manifestation of the image, the background of the underlying infigurable that presides over all image-making operations. The corpus of cases studied, consisting of artworks, visual practices, cultural phenomena and theoretical texts, focuses on a period from the 1990s to the 2020s, and particularly revolves around three art projects by French artist Philippe Parreno (Fleurs, No Ghost Just a Shell and Birthday Zoe). These enable us to reconsider certain characteristics attributed to images in scientific, artistic and popular discourse, and structure the research around three analogical models: the image as flower (it would spread and multiply thanks to a certain form of dissemination), woman-child (it is perceived as a feminine subject, unstable and malleable) and ghost (it would be able to survive its original context and even to haunt us). A critical analysis of these models requires us to think of the image medium as a milieu that includes both humans and non-humans, the viewer as well as the researcher. Once our point of view has been relocated within the circulation of images, latency can be considered in terms of the agency of each agent of this milieu [Alfred Gell]. One of the challenges of this research is to understand how this state of suspense is reified by certain actors as a territory to be quantified, controlled, monetized or colonized.