Thèse soutenue

La construction économique de la Côte française des Somalis de 1896 à 1967 : de l'espérance à la désillusion

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Mohamed Ali Mousse
Direction : Jean-Paul Barrière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 29/11/2024
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024)
Jury : Président / Présidente : Paul Dietschy
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Touchelay, Isabelle Surun

Résumé

FR  |  
EN

Le projet de percement du canal de Suez réveille les intérêts européens pour la mer Rouge et la corne de l’Afrique. La France, qui se lance dans la compétition tardivement, fait l’acquisition d’Obock en 1862, acheté au sultan de Tadjourah. Cependant, elle ne l’occupe qu’en 1884 et y installe un dépôt de charbon pour ravitailler les bateaux qui relient la France à ses possessions d’Extrême-Orient. Dès 1892, les Français transfèrent l’administration à Djibouti, un site placé de l’autre côté du golfe de Tadjourah, qui offre des meilleures perspectives. La colonie de la Côte française des Somalis est née, avec pour capitale Djibouti par décret le 20 mai 1896. Un port et une ville surgissent du néant dans ce désert. En même temps, la construction d’un chemin de fer long de 780 km, qui relie Djibouti à la capitale éthiopienne, est achevé en 1917, pour drainer le trafic du transit éthiopien. À partir de la première guerre mondiale, les trafics croissants du port, fortement aménagé, et du chemin de fer (CFE) entrainent une certaine prospérité dans la capitale. A partir de 1938, la colonie subit les effets de la campagne italienne, le blocus des alliés et la seconde guerre mondiale qui anéantissent son économie. Après la seconde guerre mondiale, Djibouti reçoit le statut de territoire d’outre-mer. Le port et la CFE relancent leurs activités et développent leurs infrastructures grâce au FIDES. Des nouvelles réformes politiques et économiques (port franc, mesures fiscales et monétaires) sont aussi mises en place à partir de 1949. Les succès économiques engendrés par le port et le chemin de fer sont indéniables, mais ils sont de courte durée.En 1952, l’Éthiopie, qui se fédère avec l’Érythrée sous la bénédiction de l’ONU, accède à la façade maritime et développe les infrastructures de ce pays (port d’Assab et route Assab-Addis-Abeba). La concurrence du port d’Assab qui enlève à Djibouti une partie du transit éthiopien à partir de 1954 et la fermeture du canal de Suez en 1956 frappent de plein fouet l’économie fragile de la CFS, provoquant un déficit budgétaire durable. Exposée aux défis multiples (concurrence des ports régionaux, difficultés logistiques et stratégiques, explosion du chômage, problèmes propres à la politique économique des autorités françaises…), la colonie ne renoue pas avec la prospérité malgré l’augmentation du trafic pétrolier des années 1950 et 1960. La fermeture du canal de Suez en 1967 anéantit tout espoir de reprise économique dans la colonie, avant que l’indépendance acquise en 1977 ne change progressivement la donne