Thèse soutenue

''C’est du sport, tu t’attendais à quoi ?''. D'un entre-soi permissif à un sport inclusif : le cas du roller derby français.

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Auteur / Autrice : Orlane Messey
Direction : Christian VivierAudrey Tuaillon Demésy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du sport
Date : Soutenance le 09/01/2024
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024)
Laboratoire : Laboratoire culture, sport, santé, société (C3S) (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Christophe Gibout
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Gauthard, Frédérique Roux
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Sébastien Fournier, Philippe Liotard

Résumé

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Le roller derby est une discipline sportive américaine, apparue en France en 2009. Sa diffusion en Europe est notamment liée au film Bliss qui contribue à la popularisation de cet ancien sport, recréé en 2001 aux abords des milieux musicaux alternatifs du Texas. Le roller derby s’implante en France à partir d’un modèle de pratique carnavalesque, à travers lequel les équipes se plaisent à détourner les codes du sport mainstream. De plus, celles-ci tendent à s’organiser initialement autour de la logique punk do it yourself (DIY), qui consistent à refuser les logiques capitalistes en privilégiant l’autogestion. Dix ans après l’apparition de cette pratique en France, ce travail de thèse en sciences du sport entend comprendre la structuration du roller derby face au modèle sportif « traditionnel », mainstream. À partir d’une approche sociologique et ethnographique, il s’agit d’interroger la manière dont le roller derby français parvient à se structurer en dehors des cadres dominants. Le constat d’une euphémisation évidente des marqueurs subversifs et l’adoption des codes du milieu sportif fédéral suggèrent l’inscription dans la pratique dans un processus de sportivisation. Pourtant, celle-ci n’est pas ici synonyme d’une récupération par les instances sportives. Cette normalisation de la pratique prend place, au contraire, au sein même des équipes. En mobilisant les cadres de l’interactionnisme symbolique, cette recherche met en lumière le rôle joué par les actrices de la pratique au cours de cette sportivisation et les manières dont celle-ci négocient un cadre de pratique articulé entre détournement et appropriation du modèle sportif dominant. L’enjeu principal est ainsi de montrer le passage d’une pratique dite « permissive » à un sport « inclusif ». Si les joueuses défendent aujourd’hui leur place sur les terrains du sport mainstream, l’affichage d’une inclusion des minorités de genre s’est progressivement substitué aux marqueurs – carnavalesques – de subversion des codes sportifs. À mesure que les équipes quittent les « marges » du sport pour investir ses institutions, la subversion laisse place à l’inclusion, comme un ultime insigne de distance vis-à-vis du centre du milieu sportif. Néanmoins, des équipes continuent de résister au poids du modèle compétitif. À celles qui s’emparent de nouveau du DIY comme d’un moyen d’organiser autrement la pratique sportive (sans hiérarchie, de manière horizontale), d’autres choisissent de privilégier le folklore comme mode de résistance à l’homogénéisation de la pratique.