Caractérisation de la sélection in vitro de la résistance aux artémisinines chez Plasmodium falciparum
| Auteur / Autrice : | Marion Laurent |
| Direction : | Lucie Paloque, Jean-Michel Augereau |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Pharmacologie |
| Date : | Soutenance le 28/10/2024 |
| Etablissement(s) : | Université de Toulouse (2023-....) |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
| Partenaire(s) de recherche : | Etablissement de délivrance conjointe : Université Toulouse 3 Paul Sabatier (1969-2024) |
| Jury : | Président / Présidente : Alexis Valentin |
| Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Houzé, Jérôme Clain, Christian Doerig | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Pradines |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
En 2022, près de 250 millions de cas de paludisme responsables de plus de 600 000 décès ont été recensés dans le monde. Cette maladie infectieuse est causée par des parasites du genre Plasmodium. Plasmodium falciparum est l’espèce la plus mortelle et la plus répandue sur le continent africain, où plus de 90% des cas et des décès surviennent. La lutte contre le paludisme fait face à la résistance de P. falciparum aux artémisinines (ARTs), composant principal des thérapies combinées à base d’artémisinine, utilisées en traitement de première intention. A ce jour, les outils utilisés pour surveiller la propagation de la résistance aux ARTs sur le terrain sont i) une clairance parasitaire retardée chez les patients, ii) les mutations sur le gène Pfk13 qui confèrent la résistance et iii) des taux de survie élevés à l’issue d’une brève exposition in vitro de très jeunes parasites à un traitement aux ARTs dans le Ring-stage Survival Assay (RSA0-3h). Cependant, des cas de souches sans mutation du gène Pfk13 mais présentant des taux de survie élevés ou responsables de résistances cliniques compromettent le suivi de l’émergence de la résistance. Il est donc important de mieux comprendre le processus de sélection de la résistance aux ARTs afin de la contrôler efficacement. Dans ce contexte de résistance, il est également essentiel de développer de nouvelles molécules, actives sur les parasites résistants. La première partie de ce travail de thèse est consacrée à l’étude de la biologie du parasite P. falciparum soumis à la pression des ARTs. La résistance a été sélectionnée in vitro par trois ans de pressions médicamenteuses successives aux ARTs sur des isolats de terrain collectés en zones d’endémie (Afrique de l'Ouest, Asie du Sud-Est et Amérique du Sud). La caractérisation des souches ainsi sélectionnées a démontré que la pression des ARTs peut sélectionner in vitro des parasites présentant un phénotype résistant avec un « âge de résistance » inhabituel, ayant à la fois un taux de survie faible des très jeunes parasites en RSA0-3h et élevé lorsque les parasites traités sont plus âgés, et sans mutation sur le gène Pfk13. En revanche, sur l’ensemble des souches sélectionnées, 23 autres gènes sont mutés et constituent donc de potentiels nouveaux marqueurs moléculaires. De plus, il a été établi que ces souches pourraient supplanter leurs jumelles sensibles in vitro en l’absence de pression médicamenteuse et être transmises au moustique vecteur. Si de telles souches émergeaient sur le terrain, elles pourraient donc échapper à la surveillance des résistances et potentiellement se propager. Le phénotype de résistance mis en évidence a ensuite été étudié d’un point de vue biochimique, notamment par protéomique quantitative. Quatre candidats protéiques, potentiels marqueurs biochimiques du phénotype de résistance aux ARTs, ont pu être identifiés. Leur lien avec la capacité de résistance des parasites reste encore à valider. La deuxième partie du projet porte sur l’évaluation de l’activité de molécules à visée antipaludique dans un contexte de résistance aux ARTs. L’efficacité d’une association de molécules actuellement en développement clinique et de trois nouvelles séries chimiques a été évaluée. La combinaison KAF156-luméfantrine ainsi qu’une molécule hybride, l’emoquine-1, se sont révélées actives sur un panel de souches résistantes aux ARTs portant différentes mutations Pfk13. La mise en évidence de souches présentant des caractéristiques leur permettant d’échapper aux techniques de détection actuelles utilisées sur le terrain alerte sur l’importance d’améliorer la surveillance de la résistance aux ARTs et offre de nouvelles perspectives pour surveiller leur perte d'efficacité. Par ailleurs, les activités antipaludiques in vitro de KAF156-luméfantrine et de l’emoquine-1 sur les parasites résistants constituent un signe encourageant pour explorer la possibilité d’utiliser ces molécules comme partenaires des ARTs dans des thérapies combinées.