Thèse soutenue

Neuroimagerie et investigations cognitives des conséquences post-infarctus thalamique : défis méthodologiques et réduction des biais d'étude

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Auteur / Autrice : Julie Vidal
Direction : Emmanuel BarbeauLola Danet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neuropsycologie
Date : Soutenance le 21/11/2024
Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement de délivrance conjointe : Université Toulouse 3 Paul Sabatier (1969-2024)
Laboratoire : Centre de recherche Cerveau et Cognition (Toulouse ; 1993-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Michel Thiebaut de Shotten, Isabelle Berry
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas Tourdias, Meritxell Bach Cuadra

Mots clés

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Résumé

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Le thalamus, structure bilatérale située au cœur du cerveau, est constitué de multiples noyaux impliqués dans l'intégration sensorimotrice et les fonctions cognitives complexes. Historiquement, avant l'introduction de l'IRM dans les années 1990, les lésions thalamiques étaient associées à des déficits cognitifs majeurs (cécité, aphasie, amnésie), sur la base de cas isolés sévères qui dominaient la littérature scientifique de l'époque. Après l'avènement de l'IRM, les études de groupe ont révélé que les AVC thalamiques, bien que potentiellement invalidants, entraînent généralement des déficits cognitifs plus modérés. Cette évolution illustre l'incompréhension du rôle du thalamus dans la cognition. La problématique centrale de cette thèse est la suivante : En s'affranchissant des biais d'étude et en surmontant les défis méthodologiques, quel est l'impact réel des lésions vasculaires thalamiques sur la cognition ? Cette thèse s'articule autour de 5 articles permettant de revisiter la neuropsychologie du thalamus chez l'humain à l'aide des technologies modernes et en tenant compte des biais des études antérieures. Le logiciel THOMAS couplé à l'outil HIPS (HIstogram-based Polynomial Synthesis) développé durant cette thèse, ont permis de segmenter les noyaux thalamiques avec une précision accrue à partir d'IRM T1. Deux études sur l'adhésion interthalamique (AI), structure reliant les deux thalami, ont également été menées pour explorer son rôle éventuel dans la cognition ainsi que les causes et conséquences de son absence. Dans l'ensemble, ce travail vise à amenuiser les biais d'interprétation neuropsychologique des infarctus thalamiques. Les résultats des études 1 et 2 montrent que HIPS-THOMAS améliore la segmentation des noyaux thalamiques par rapport aux méthodes actuelles, incluant les réseaux de neurones convolutifs (CNN). Cela offre une meilleure localisation des lésions indépendamment des paramètres IRM et la possibilité d'avoir des corrélations neuropsychologiques plus fines car qui se font du vivant du patient. Dans la 3ème étude, un protocole d'imagerie standardisé pour l'étude de l'AI a été mis en place, permettant de démontrer que l'AI, présente chez 80% de la population, n'a pas de rôle cognitif majeur chez les sujets sains. Elle semble toutefois permettre une compensation interhémisphérique lors d'AVC thalamiques, réduisant ainsi les déficits cognitifs. Ce protocole est alors réutilisé dans l'article 4 pour démontrer que l'absence d'AI est liée à des facteurs génétiques, entraînant des changements anatomiques dont un élargissement du 3ème ventricule et l'amincissement de certaines régions corticales. Enfin, en s'appuyant sur ces précédentes études pour réaliser l'article 5, plusieurs facteurs aggravants des AVC thalamiques ont été mis en évidence : l'âge, le niveau d'éducation mais aussi le volume, la localisation et la latéralité des lésions. Une atteinte du tractus mamillothalamique, de l'AI et des radiations thalamiques antérieures augmentent aussi la gravité des déficits cognitifs. Cependant, contrairement à ce que suggèrent les études historiques, de nombreux patients ont une cognition relativement préservée suite à un infarctus thalamique. En conclusion, le développement de techniques d'imagerie avancées a permis de surmonter certains biais méthodologiques pour affiner l'interprétation des atteintes thalamiques. Les découvertes sur l'AI ouvrent aussi des pistes de recherche futures quant à son rôle fonctionnel et ses implications cliniques. Enfin, les facteurs aggravants identifiés ont permis de souligner la complexité des AVC thalamiques et leurs impacts variables sur les fonctions cognitives. Ces résultats remettent notamment en question certaines études historiques, en démontrant que nombre de patients présentent une résilience cognitive notable après un infarctus thalamique. Au total, cela offre de nouvelles perspectives pour un diagnostic plus précis et une adaptation clinique optimisée pour chaque patient.