Thèse soutenue

Modélisation hydrodynamique de la lagune Nokoué située au sud-est du Bénin

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Auteur / Autrice : Kodjo Jules Honfo
Direction : Alexis ChaigneauYves MorelEzinvi Baloïtcha
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Océan, Atmosphère, Climat
Date : Soutenance le 18/10/2024
Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....) en cotutelle avec Université d'Abomey-Calavi (Bénin)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (Toulouse ; 1995-....)
Etablissement de délivrance conjointe : Université Toulouse 3 Paul Sabatier (1969-2024)
Jury : Président / Présidente : Zacharie Sohou
Examinateurs / Examinatrices : Annie Fiandrino, Isabelle Brenon
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Cecchi, Pascal Lazure

Résumé

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La lagune Nokoué est un vaste plan d'eau (~150 km2) peu profond (~1.3 m) situé au sud-est du Bénin. Cette lagune, alimentée en eau douce par les fleuves et en eau salée par le chenal de Cotonou, est soumise à une forte pression anthropique qui se manifeste par le rejet de polluants dissouts ou flottants pouvant provenir des villages lacustres et émissaires urbains périphériques à la lagune et les fleuves. Dans ce contexte, cette thèse s'est intéressée à la modélisation haute résolution de l'hydrodynamisme de la circulation des masses d'eau à diverses fréquences et d'estimer les échelles de temps qui caractérisent le transport des polluants : l'âge (TA) des parcelles d'eau (entrant dans la lagune soit par les fleuves ou par le chenal), temps de résidence (TR) des parcelles d'eau, temps de vidange local (TL) des polluants et temps de renouvellement complet (TV) de la lagune. Pour atteindre ces objectifs, nous avons utilisé le modèle SYMPHONIE qui a été validé avec succès sur les observations du niveau d'eau, de la salinité, de température et des échanges d'eau océan-lagune à travers le chenal de Cotonou. A l'issus des différentes simulations, les résultats ont montré qu'en période de hautes eaux (juillet-novembre), marquée par l'élévation du niveau d'eau moyen de la lagune, le marnage est relativement faible et associé à une forte asymétrie de la phase du jusant par rapport à celle du flot. L'inverse se produit en période de basses eaux (décembre-juin). Les courants de marée, qui peuvent dépasser 1 m/s dans le chenal de Cotonou, sont également modulés bimensuellement par les mortes-eaux et vives-eaux de marée. A l'échelle saisonnière, nous avons mis en évidence 4 saisons de circulation moyenne avec des différences entre la surface et le fond malgré la faible profondeur. En période de crue (septembre-novembre) caractérisée par d'énorme apports des fleuves (~1200 m3/s), la circulation moyenne est quasi-barotrope avec des connexions directes fleuves-chenal pilotée par les apports fluviaux et le vent. Selon nos diagnostiques, l'ouest de la lagune est constituée essentiellement des eaux de la Sô, du Djonou et des eaux océaniques, tandis que les eaux du fleuve Ouémé sont concentrées à l'est de la lagune. L'âge et la connectivité entre les rives de la lagune sont faibles. Les échelles de temps TR, TL, et TV sont courtes (< 7 jours). En période de salinisation (décembre-janvier) et d'étiage (février-juin), marquée par de faibles apports fluviaux (quelques m3/s), on note une circulation moyenne du type estuarien (parfois amplifiée par les épisodes d'Harmattan) en début de la phase de salinisation sous l'influence de la marée, des débits fluviaux, les gradients de salinité et les vents ; puis en étiage nous avons une circulation complexe constituée de nombreuses cellules de recirculation pilotée par les vents. Les parcelles d'eau se dispersent alors dans toute l'étendue de la lagune avec des âges pouvant atteindre ~3-4 mois. Ces circulations favorisent une forte connectivité entre les rives et rallongent les échelles de temps TR, TL, et TV à quelques mois (~3-6 mois). Enfin, pendant la période de désalinisation (juillet-août) marquée par l'arrivée des premières crues, on assiste au rétablissement progressif des connexions fleuve-chenal dominée par les vents et les apports fluviaux. L'âge maximal des eaux diminue fortement (<1 mois) et la connectivité entre les rives est réduite. Les TR, TL, et TV décroissent aussi à l'ordre de quelques jours (~14 jours). Cette étude a mis en évidence l'existence d'un débit critique de ~50-100 m3/s au-delà duquel les TR, TL et TV peuvent devenir plus long (décembre-janvier) ou plus court (juin-juillet). Les vents et la présence des acadjas tendent à retenir les masses d'eaux et polluants dans la lagune tandis que la marée, les apports fluviaux et le gradient de salinité favorisent l'évacuation.