Analyser les trajectoires de développement des sciences et produits alimentaires : les apports de la fouille de texte à l’évaluation du verrouillage technologique des légumineuses

Analyzing the FS&T and food products development trajectories : the contribution of text mining to the assessment of technological lock-in of legumes

• Auteur / Autrice : Tristan Salord
• Direction : Marie-Benoît Magrini, Guillaume Cabanac
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences économiques
• Date : Soutenance le 27/03/2024
• Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....)
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AGroécologie, Innovations, TeRritoires (Castanet-Tolosan, Haute-Garonne ; 2003-....)
• Partenaire(s) de recherche : Etablissement délivrant conjointement le doctorat : Institut national polytechnique (Toulouse ; 1969-....)
• Jury : Président / Présidente : Jérôme Vicente
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Marie-Benoît Magrini, Guillaume Cabanac, Jérôme Vicente, Marie-Josèphe Amiot-Carlin, Emmanuelle Jannès-Ober, Pierre Labarthe
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Alberto Baccini, Annick Vignes

Mots clés

Mots clés contrôlés

Industries agricoles

Indicateurs scientifiques

Produits agroalimentaires

Mots clés libres

Verrouillage technologique

Légumineuses

Transition agroécologique

Systèmes agro-alimentaires

Fouille de texte

Communautés scientifiques

Technological lock-in

Legumes

Agroecological transition

Agrifood systems

Text-mining

Science and innovation policies

Résumé

Les légumineuses à graines de la famille des « pulses » (lentilles, pois, pois-chiches, haricots secs, etc.) sont des cultures-clé pour la transition vers des systèmes alimentaires sains et durables du fait de leurs propriétés agroenvironnementales et nutritionnelles. Pourtant, leur consommation comme leur production demeurent très faibles. Certains auteurs ont avancé l’hypothèse que cette situation paradoxale est le résultat d’un verrouillage technologique des systèmes agroalimentaires autour du paradigme de production conventionnel (usages intensifs d’intrants de synthèse) et d’une alimentation préférentiellement carnée, freinant alors le développement de ces espèces et, tout particulièrement, en Europe. De nouvelles connaissances et innovations sont ainsi requises pour lever ce verrouillage. Partant de ces hypothèses, cette thèse en sciences économiques a développé plusieurs méthodes originales de fouille de texte appliquées à l’analyse des sciences et des innovations produits, pour rendre compte des trajectoires de développement des légumineuses à l’échelle mondiale et au cours des dernières décennies. Dans un premier temps, la thèse revient sur la façon dont les concepts de verrouillage technologique et de dépendance du chemin ont été mobilisés pour rendre compte des problèmes et des enjeux auxquels le secteur agro-alimentaire est confronté. Cette première analyse permet de révéler le faible nombre travaux s’inscrivant dans ce champ ainsi que leur forte polarisation autour de thèmes spécifiques. Parmi eux le rôle des sciences et des innovations produits sur le marché sont quasiment absents. Le reste de la thèse propose alors de s’y intéresser en analysant, à l’échelle mondiale et/ou européenne, d’une part, l’état des connaissances scientifiques portant sur les légumineuses dans le champ des Sciences et Technologies de l’Alimentation (FS&T), et, d’autre part, l’état des innovations portant sur ces espèces dans le marché. Pour conduire cette analyse exploratoire inédite, la thèse a développé des méthodes dédiées issues du champ de la fouille de données textuelles et de la Scientométrie (analyse de réseaux bibliographiques). La thèse démontre quantitativement la prédominance de certaines espèces de légumineuses, dont le soja, investies historiquement et mondialement par le secteur agricole, que ce soit dans la construction des sciences ou des innovations produits. Pour aboutir à ce résultat la thèse a permis en outre d’identifier les variations lexicales, comme les contextes d’énonciation, d’une trentaine d’espèces légumineuses, pour l’essentiel, cultivables en milieu tempéré ; et ce grâce à la mobilisation de collectifs d’experts du champ des Sciences et Technologies de l’Alimentation. Grâce à ce travail interdisciplinaire une première approche de l’évaluation de la biodiversité marchande est proposée en lien avec l’évaluation des processus de verrouillage technologique autour d’espèces dominantes. La thèse avance alors un ensemble d’hypothèses rendant compte des processus de co-évolution observés entre savoirs scientifiques et marchés de l’innovation agroindustriels des légumineuses. L’ensemble de la thèse apporte in fine des éclairages nouveaux pour la politique des sciences et de l’innovation dans une perspective de durabilité du secteur agro-alimentaire et offre des perspectives nouvelles dans l'étude des trajectoires des connaissances et des innovations grâce aux méthodes des sciences sociales computationnelles.

Among legumes, pulses (lentils, peas, chickpeas, dried beans, etc.) are key crops for the transition to healthy and sustainable food systems, thanks to their agro-environmental and nutritional properties. However, their consumption and production remain very low. Some authors have put forward the hypothesis that this paradoxical situation is the result of a technological lock-in of agri-food systems around the conventional production paradigm (intensive use of synthetic inputs) and a predominantly meat-based diet, thus hampering the development of these species, particularly in Europe. New knowledge and innovations are therefore required to overcome this lock-in situation. Based on these hypotheses, this PhD in economics developed several original text mining methods applied to the analysis of science and product innovations, to account for the legume development trajectories on a global scale and over the last few decades. The thesis begins by reviewing how the concepts of technological lock-in and path dependency have been mobilized to account for the problems and issues facing the agri-food sector. This first analysis reveals the small number of works in this field, and their strong focus on specific themes. Among them, the role of science and product innovations on the market are almost absent. The rest of this PhD then focuses, on a global and/or European scale, on the state of scientific knowledge on legumes in the field of Food Science and Technology (FS&T), and on the state of food product innovations for these species on the markets. To carry out this pioneering analysis, the PhD developed dedicated methods rooted in the fields of textual data mining and Scientometrics (analysis of bibliographic networks). The PhD quantitatively demonstrates the predominance of certain legume species, and first soy, historically and globally invested by the agricultural sector, whether in the development of science or of product innovations. To reach this result, the PhD enabled the identification of the lexical variations, as well as the contexts of enunciation, for some thirty leguminous species, most of which are cultivated in temperate environments with the support of groups of experts in the field of FS&T. Thanks to this interdisciplinary work, a first step towards the evaluation of market biodiversity is proposed, in connection with the evaluation of technological lock-in processes around dominant species. The thesis then puts forward a series of hypotheses to account for the co-evolutionary processes observed between scientific knowledge and agro-industrial innovation markets for legumes. The thesis as a whole offers new insights into science and innovation policy from an agri-food sector sustainability perspective, and provides new perspectives in the study of knowledge and innovation trajectories using computational social science methods.