Osiris-Isis & Isis-Sarapis : étude comparée des deux couples divins en Égypte et en Nubie ptolémaïques et impériales
| Auteur / Autrice : | Nicolas Cacace |
| Direction : | Laurent Bricault, Laurent Coulon |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Histoire |
| Date : | Soutenance le 22/11/2024 |
| Etablissement(s) : | Université de Toulouse (2023-....) |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
| Partenaire(s) de recherche : | Établissement délivrant conjointement le doctorat : Université Toulouse - Jean Jaurès (1970-....) |
| Laboratoire : Patrimoine, littérature, histoire (Toulouse ; 2007-....) | |
| Jury : | Président / Présidente : Jean-Louis Podvin |
| Examinateurs / Examinatrices : Youri Volokhine | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Donnat, Gaëlle Tallet |
Résumé
La thèse s’inscrit en histoire des religions et en égyptologie. Il s’agit d’entrer dans les polythéismes antiques conçus comme une relation entre les humains et la société des puissances divines. L’originalité du travail réside dans la pratique comparatiste, démarche anthropologique forgée sur un mode dialogique et réflexif. Elle est appliquée à deux objets religieux distincts, les couples divins, dont les conjoints Osiris et Sarapis sont liés par des origines communes et Isis, même mère de leur héritier. Elle implique également d’abandonner certaines évidences tel le caractère strictement funéraire d’Osiris qui ne sied pas à Sarapis. Sises à la confluence de l’étude des cultes osiriens et des cultes isiaques, les recherches menées soulignent la convergence et les divergences selon trois facteurs dans le paysage religieux d’Égypte et de Nubie : la grande variété des types documentaires permet de nuancer certains phénomènes et d’identifier les dédicants, voire leurs logiques ; le contexte cultuel entraîne de multiples déclinaisons locales et spécifiques des deux couples ; et les agents rituels impliqués dont les motivations fondamentales construisent différemment les puissances divines. Pour ce faire, les 1037 sources étudiées sont recensées, enregistrées et classées dans le troisième tome. Ce corpus raisonné a ensuite permis la micro-analyse en parallèle d’une interprétation globale. Les produits de ces deux dynamiques, heuristique et herméneutique, sont finalement mobilisés pour la comparaison des deux couples. Les résultats de l’enquête sont présentés en deux tomes, soit cinq chapitres. Le premier explore les origines d’Osiris-Isis à Saqqâra et Giza sous les Vème et VIème dynasties, comparées à celles d’Isis-Sarapis dans le domaine d’Osiris-Apis avec les Hellénomemphites, puis dans l’Alexandrie de Ptolémée Ier et Ptolémée II. Le second détermine comment les puissances divines sont données à voir par les attributs iconographiques de leurs corps divins : positions, vêtements, couronnes, sceptres. Leur articulation et répartition chronologique fournissent un outil permettant de préciser la datation des documents. Le troisième chapitre révèle davantage de divergences : Osiris-Isis mobilise d’amples séquences onomastiques aux graphies et attributs multiples qui détaillent leurs liens, tandis qu’Isis-Sarapis apparaît peu mentionné et encore moins diversement explicité. L’influence du type documentaire est alors capitale, même si les divergences sont bien réelles. Il en est de même dans le chapitre 4 : les rites mobilisés indiquent de grandes disparités dans les contextes cultuels entre le monde des temples, le culte domestique et les formes rituelles de l’entre-deux. Le cinquième et dernier chapitre étudie les relations de chaque couple avec les autres puissances divines d’une part et la monarchie d’autre part. Il explique les liens et configurations divines plurielles pour souligner les dynamiques communes et différentielles. Trois annexes, 74 figures et 17 tableaux complètent le texte. En conclusion, le transfert culturel originel d’Osiris-Isis en Isis-Sarapis apparaît d’abord comme le produit de la rencontre entre les Grecs et l’Égypte, puis celui de la mise en place de la dynastie lagide. Cette mutation prend corps à Alexandrie en lien avec la monarchie et dans les dédicaces des particuliers : elle confère à Sarapis et à Isis une première autonomie dans le paysage religieux. Lagides puis imperatores construisent alors la convergence avec Osiris et Isis selon leurs besoins dans les deux univers culturels grec et égyptien. Les particuliers montrent aussi de rares cas d’interpretatio en reconnaissant Isis-Sarapis dans le couple Osiris-Isis ancré dans le territoire. Cependant, le premier est rarement une traduction du second car monarques et dédicants n’imaginent pas, ne disent pas et n’agissent pas rituellement de la même manière envers les deux couples dont les dynamiques demeurent distinctes.