Thèse soutenue

Interaction entre deux mycotoxines préoccupantes, l'aflatoxine B1 et le déoxynivalénol : étude de la génotoxicité, des rôles des cytochromes P450 et du stress ribotoxique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Bernadette Willoquet
Direction : Isabelle Oswald
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Infectiologie, Physiopathologie, Toxicologie, Génétique et Nutrition
Date : Soutenance le 11/12/2024
Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TOXALIM - Laboratoire de Toxicologie Alimentaire - ToxAlim / ToxAlim
établissement délivrant conjointement le doctorat : Institut national des sciences appliquées (Toulouse ; 1961-....)
Jury : Président / Présidente : Sophie Langouet-Prigent
Examinateurs / Examinatrices : Ludovic Le Hegarat, Étienne Blanc
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Langouet-Prigent, Ludovic Le Hegarat

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Les mycotoxines sont des métabolites secondaires fongiques qui comptent parmi les contaminants alimentaires les plus répandus. L’Homme est exposé à plusieurs d’entre elles de façon concomitante. Dans ce contexte, deux mycotoxines apparaissent particulièrement préoccupantes en raison de leur prévalence et de leur toxicité : l’aflatoxine B1 (AFB1) et le déoxynivalénol (DON). L’AFB1 contamine principalement les céréales (maïs, riz, sorgho …), des légumineuses comme l’arachide et les épices (poivre noir, paprika, coriandre …). Elle est bio-activée dans le foie par les cytochromes P450 (CYP450) 1A2 et 3A4 en un composé génotoxique, l’AFB1-8,9-exo-époxyde (AFBO). En lien avec cette génotoxicité, l’AFB1 est associée à l’étiologie du carcinome hépatocellulaire. Le DON contamine principalement les céréales (blé, maïs, orge, avoine, seigle, sorgho …) et est responsable d’altérations des fonctions intestinales, immunitaires et hépatiques. Il est également connu pour exacerber la génotoxicité de composés induisant des dommages à l’ADN comme une toxine bactérienne (la colibactine), des agents utilisés en chimiothérapie (étoposide, cisplatine) et un pesticide (le captane). L’AFB1 étant un génotoxique alimentaire avéré, cette étude s’est intéressée dans la même optique à son interaction avec le DON. Puisque le foie est la cible principale de l’AFB1 et une cible du DON, cette étude a été menée sur modèles cellulaires hépatiques. En utilisant deux marqueurs de la réponse aux dommages à l’ADN, γ-H2AX et 53BP1, nous avons montré que le DON inhibe la génotoxicité induite par l’AFB1. L’implication des enzymes responsables de la bio-activation de l’AFB1 a été investiguée. Il en résulte que le DON inhibe l’expression protéique et l’activité enzymatique du CYP1A2 et du CYP3A4, suggérant que l’inhibition de la génotoxicité de l’AFB1 est due à une inhibition de sa bio-activation en AFBO. L’utilisation de cycloheximide, une autre ribotoxine, et de de-epoxy-deoxynivalenol, un dérivé non ribotoxique du DON, a permis de montrer que le stress ribotoxique induit par le DON a un rôle dans le phénotype observé. En définitive, cette étude indique que le DON interagit avec la génotoxicité de l’AFB1, soulignant l’importance d’étudier les contaminants alimentaires en mélange. Elle suggère aussi une étude des possibles modifications du métabolisme cellulaire induites en présence de DON, en lien avec l’inhibition du CYP1A2 et du CYP3A4.