Thèse soutenue

L'État ambidextre ? : La ''main gauche'' de l'État face à la catégorie de radicalisation en France (2014-2021)

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Auteur / Autrice : Lili Soussoko
Direction : Jay Rowell
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 04/10/2024
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Strasbourg ; 2013-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques de Maillard
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Bonelli, Vincent Dubois
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Coutant, Anne-Cécile Douillet

Résumé

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La doctrine de la prévention de la radicalisation, adoptée en urgence par le gouvernement français dans le contexte des attentats des années 2010, fait-elle de la « main gauche » de l’État un prolongement de sa « main droite » ? Afin de comprendre les ressorts et les effets de l’enrôlement des secteurs socio-éducatifs et sanitaires dans le travail traditionnellement policier et judiciaire de la lutte contre le terrorisme, la thèse combine analyse documentaire, étude prosopographique et ethnographie locale de longue durée. Elle chemine des lieux de production des cadres normatifs et cognitifs de cette nouvelle catégorie de l’action publique – organismes interministériels et espaces d’expertise – jusqu’aux terrains où elle se déploie – les cellules partenariales de traitement des signalements individuels pilotées par les préfectures et leurs « archipels » locaux. Si cette politique accélère quelques tendances déjà à l’œuvre comme le renforcement des pratiques de contrôle de l’État social, la gestion des risques comme mode de gouvernement et une suspicion accrue à l’égard des publics musulmans, sa mise en œuvre concrète bute sur le flou de l’objet traité et entraîne de nombreuses luttes juridictionnelles. Au-delà des relations entre « main gauche » et « main droite » de l’État, la thèse met au jour l’existence d’une tension entre les agent·es qui se spécialisent dans la prise en charge de la radicalisation et les agent·es qui maintiennent une distance vis-à-vis de cette catégorie disputée. Celle-ci peine ainsi à s’inscrire durablement dans les routines institutionnelles.