Thèse soutenue

Explications causales pour l'argumentation abstraite : cadres classique, temporel et bipolaire pondéré

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Yann Munro
Direction : Isabelle BlochMarie-Jeanne Lesot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences et technologies de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 10/12/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Informatique, télécommunications et électronique de Paris (1992-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIP6 (1997-....)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Maudet
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Guy Mailly, Pierre Marquis
Rapporteurs / Rapporteuses : Elise Bonzon, Andreas Herzig

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse s'inscrit dans le domaine de l'IA explicable (XAI) pour des systèmes d'argumentation abstraite (Abstract Argumentation Framework, AAF). Il s'agit d'un formalisme permettant de représenter et de raisonner sur des informations contradictoires par l'intermédiaire d'éléments abstraits, des arguments, et d'une relation binaire, appelée attaque, représentant une contradiction ou bien un conflit asymétrique entre deux arguments. Un argument peut alors être acceptable ou inacceptable selon un ensemble de règles appelé une sémantique. Dans ce contexte, nous travaillons sur la génération d'explications du statut d'acceptabilité d'un ensemble d'arguments, adaptées à son destinataire. Pour cela, des travaux en sciences sociales ont montré qu'explication et causalité sont deux notions fortement reliées bien que différentes. De fait, dans cette thèse, nous proposons plusieurs méthodes permettant de générer des explications, dites causales, c'est-à-dire déduites d'un raisonnement causal complexe, pour l'argumentation. Nous considérons trois cas : le cadre classique des systèmes d'argumentation abstraite, un cadre dynamique, c'est-à-dire qui tient compte de l'ordre d'énonciation des arguments, et un cadre bipolaire pondéré, incluant une deuxième relation binaire appelée support ainsi qu'une pondération sur les arguments. Nous établissons tout d'abord une équivalence entre les AAF acycliques et un type spécifique de modèles structurels causaux. Nous proposons une transformation permettant de passer de l'un à l'autre et réciproquement. Cette transformation permet d'une part de comparer une définition existante de la notion d'explication en argumentation avec celle proposée dans le cadre des modèles structurels causaux. D'autre part, en réécrivant un AAF dans ce formalisme causal, nous pouvons générer des explications causales prenant en compte les connaissances du destinataire de l'explication. Cependant, ces deux modèles ne prennent pas en compte l'ordre d'énonciation des arguments, propriété importante au cours d'un dialogue mais également pour le raisonnement causal. Pour cette raison, notre deuxième contribution consiste à enrichir un AAF, acyclique d'abord puis en levant cette contrainte, dans un formalisme logique dynamique, appelé langage d'action, en incluant l'ordre d'énonciation des arguments dans le modèle. Ce formalisme permet ainsi de modéliser l'évolution du dialogue à partir de laquelle il est possible d'extraire l'ensemble des causes de l'acceptabilité des différents arguments. Nous discutons ensuite de la façon d'utiliser ces chaînes causales pour la génération d'explications adaptées au destinataire. Enfin, dans le cadre d'un système d'argumentation bipolaire pondéré (QBAF), le statut d'acceptabilité d'un argument n'est plus défini de façon binaire mais par une valeur numérique, souvent entre 0 et 1. Le choix de la fonction permettant de calculer cette valeur vient remplacer les sémantiques binaires par ce qu'on appelle des sémantiques graduelles. Nous proposons une telle famille de fonctions que nous appelons des sémantiques agrégatives graduelles permettant de décomposer le calcul de l'acceptabilité d'un argument en trois étapes d'agrégation : le calcul du poids global des attaquants, celui du poids global des supporteurs et enfin l'agrégation de ces deux poids avec la force intrinsèque de l'argument. Cela permet de conserver le caractère bipolaire tout au long du calcul, mais également d'ajouter de nouvelles propriétés pour caractériser les sémantiques graduelles permettant de guider le choix de cette fonction. Enfin, nous étendons la transformation d'un AAF en modèle structurel causal à ce cadre bipolaire pondéré permettant ainsi, pour des QBAF acycliques, de générer des explications causales.