Étude de la vascularisation intra-nerveuse dans les neuropathies périphériques induites par l'oxaliplatine : vers de nouvelles pistes thérapeutiques
Auteur / Autrice : | Juliette Durand |
Direction : | Isabelle Brunet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie moléculaire et cellulaire |
Date : | Soutenance le 25/11/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Interdisciplinaire de Recherche en Biologie (Paris ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Fatiha Nothias |
Examinateurs / Examinatrices : Flora Reverchon, Guy Ayikoe Mensah-Nyagan | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Clémence Vion, Cécile Duplàa |
Mots clés
Résumé
Nous étudions les neuropathies périphériques provoquées par l'oxaliplatine, une molécule de chimiothérapie largement utilisée dans le traitement des cancers du colôn et des tumeurs solides. C'est un traitement très efficace mais il induit des neuropathies périphériques chez près de 70% des patients. Il n'existe malheureusement aucun traitement spécifique et efficace à ces pathologies. Exposés à des douleurs importantes et invalidantes, les patients se retrouvent souvent contraints de diminuer ou même d'arrêter leur traitement anti-cancéreux, ce qui mitige l'efficacité des chimiothérapies. Beaucoup de cibles nerveuses ont été étudiées dans ce cadre pathologique avec un succès très limité. Néanmoins, l'implication des vaisseaux sanguins intra-nerveux dans le développement de ces maladies n'a été que peu investigué, alors que l'homéostasie nerveuse repose grandement sur cette composante vasculaire. Les agents de chimiothérapie, comme l'oxaliplatine, sont injectés par voie intraveineuse et peuvent donc avoir un effet direct sur le système vasculaire intra-nerveux. Nous avons émis l'hypothèse que l'oxaliplatine pourrait altérer les vaisseaux sanguins intra-nerveux, modifier leur fonctionnalité et donc perturber l'équilibre nerveux. Le nerf étant un organe très sensible aux changements d'homéostasie, ceci pourrait conduire à de nombreuses complications telles qu'une hyperexcitabilité et une inflammation nerveuse, participant aux symptômes douloureux. Nous avons donc étudié la composante vasculaire des nerfs périphériques dans le cas d'une neuropathie périphérique chimiquement induite (NPCI) de forme aigue induite par des injections intraveineuses d'oxaliplatine. Alors que l'anatomie des vaisseaux sanguins intra-nerveux semble conservée, nous avons montré qu'une dysfonction vasculaire, notamment une augmentation de la contractilité de ces vaisseaux, était liée au développement des symptômes précoces ; l'administration de molécules vasodilatatrices réduit à la fois les symptômes douloureux et l'hypoxie induits par l'oxaliplatine. Nos données suggèrent qu'un défaut de vasodilatation serait lié aux symptômes aigus mais également chroniques d'une NPCI induite par l'oxaliplatine. L'ensemble de ces résultats confirment que la composante vasculaire des nerfs périphériques est liée voir initie les symptômes neuropathiques induits par l'oxaliplatine. Prévenir la dysfonction vasculaire des nerfs périphériques avec des molécules vasodilatatrices représente une piste thérapeutique très intéressante dans le traitement des NPCI qui ne devrait, a priori, pas interférer avec l'efficacité anti-cancéreuse des agents de chimiothérapie. De plus, cette piste thérapeutique permettrait le repositionnement de molécules dont nous connaissons les effets à long terme puisqu'elles sont déjà approuvées par la FDA (Food and Drug Association).