Thèse soutenue

Interactions hôte-microbiote intestinal dans les maladies auto-inflammatoires monogéniques

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Auteur / Autrice : Inès Elhani
Direction : Sophie Georgin-Lavialle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 23/10/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Saint-Antoine (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Arsène Mekinian
Examinateurs / Examinatrices : Achille Eric Aouba, Maxime Bréban
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Élise Truchetet, Marc André

Résumé

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Les maladies auto-inflammatoires monogéniques sont des maladies génétiques causant une activation excessive de l'immunité innée. Elles se traduisent par des symptômes inflammatoires systémiques chroniques et/ou récurrents. Plusieurs de ces maladies sont caractérisées par une forte prévalence d'atteintes digestives et une association avec des maladies inflammatoires chroniques du tube digestif. C'est le cas de l'haploinsuffisance de A20 (HA20) dont les patients souffrent de douleurs abdominales et d'ulcérations digestives, de la fièvre Méditerranéenne familiale (FMF) qui est associée à des péritonites aseptiques, des cryopyrinopathies (CAPS) et du déficit en mévalonate kinase (MKD), qui sont associés à des douleurs abdominales. Les perturbations du microbiote intestinal, appelées dysbiose, sont associées à la survenue et au développement de maladies inflammatoires de l'intestin mais aussi de maladies systémiques. Les effets pro-inflammatoires peuvent être directs, découler d'une altération de la barrière intestinale, ou de la modulation de métabolites dérivés du microbiote intestinal, particulièrement les acides biliaires, les acides gras à chaines courtes, et les métabolites dérivés du tryptophane. L'objectif de ce travail était de décrire les atteintes digestives clinico-radiologiques et histologiques des patients atteint de HA20, et de décrire la composition du microbiote intestinal des patients atteints de HA20, de FMF, de CAPS et de MKD. Nos observations ont montré que les patients atteints de HA20 présentent une atteinte gastro-intestinale et hépatique inflammatoire aspécifique. Les patients présentaient une dysbiose caractérisée par une surreprésentation de R. gnavus, et une sous-représentation d'espèces bactériennes impliquées dans la production de butyrate et du maintien de la barrière digestive. Ces anomalies étaient associées à une altération du métabolisme des acides biliaires, un déficit d'absorption des acides gras à chaines courtes, et un engagement du tryptophane alimentaire vers la voie neurotoxique de la kynurénine. Chez les patients avec FMF, on observait également une dysbiose caractérisée par une diminution de bactéries anti-inflammatoires, particulièrement Streptococcus salivarius et Streptococcis vestibularis, ainsi qu'une diminution de bactériophages, suggérant un affaiblissement de la barrière intestinale. Contrairement au HA20 et à la FMF, les patients atteints de CAPS et MKD n'ont pas montré de dysbiose similaire. En conclusion, ces résultats soutiennent la participation d'une dysbiose et d'une altération des profils de métabolites dérivés du microbiote intestinal dans le HA20 et dans la FMF