Rang social et comportement et dissection du rôle de la transmission dopaminergique
Auteur / Autrice : | Estelle Conabady |
Direction : | François Tronche, Sébastien Parnaudeau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 30/09/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neurosciences Paris-Seine (2014-2024) |
Jury : | Président / Présidente : Hélène Hardin-Pouzet |
Examinateurs / Examinatrices : Philip Gorwood, Cécile Viollet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Tania Vitalis, Marie-Stéphanie Clerget-Froidevaux |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La plupart des espèces animales vivent selon une organisation sociale dans laquelle les individus ont des rôles et des comportements distincts. Cette organisation peut limiter le coût des compétitions entre congénères pour accéder aux ressources disponibles, peut accroître la recherche de ressources ou peut faciliter l'adaptation d'un groupe à des environnements changeants. Elle expose chaque membre d'un groupe à des expériences particulières et participe à l'individuation des comportements. Les approches de génétiques moléculaires chez la souris permettent d'étudier les mécanismes physiologiques et les circuits cérébraux impliqués dans l'émergence d'une organisation sociale et dans l'impact de cette dernière sur l'individuation. Dans ce contexte, les rongeurs et principalement la souris ont été particulièrement utilisés comme modèles. Chez la souris, le rang social des individus au sein d'une colonie peut être déterminé sur la base d'observations d'interactions antagonistes, de marquage territorial, d'accès à des ressources limitées et de comportements de préséance. En utilisant le test de préséance du « tube », nous avons pu observer qu'une hiérarchie stable apparaît dans une colonie de 4 souris mâles isogéniques C57Bl/6. J'ai participé aux travaux permettant de mettre en évidence certains mécanismes de la mise en place d'une hiérarchie. Nous avons ainsi montré que les individus de haut rang sont plus anxieux et plus sociables que ceux de bas rang. Si des différences d'anxiété sont apparues avec la vie en colonie, une sociabilité plus élevée pour les futurs rangs les plus haut était déjà observée avant l'établissement de la hiérarchie sociale. Au niveau physiologique, nous avons constaté que la diminution de l'activité des neurones dopaminergiques dans l'aire tegmentale ventrale favorise l'accès à un rang social plus élevé, un effet qui a été imité en inactivant génétiquement le récepteur des glucocorticoïdes dans les neurones récepteurs de la dopamine. La question centrale de ma thèse était de savoir si des processus de hiérarchisation sociale pouvaient être observables dans des colonies de souris femelle et de voir si des mécanismes similaires pouvaient les expliquer. Mes résultats montrent qu'une hiérarchie peut également se former chez les femelles, cependant celle-ci apparaît moins stable que chez les mâles. Tout comme les mâles, les individus de rang 1 (ayant le plus de victoire en test tube) présentent une sociabilité accrue qui préexiste et se maintient durant la vie en colonie. Une anxiété plus forte chez les individus de rang1 comparé à ceux de rangs 4 (ayant le moins de victoire en test tube) apparaît durant la vie en colonie. Au niveau physiologique, l'inactivation du GR dans les neurones dopaminoceptifs ne prédispose pas à un rang plus élevé contrairement à ce que nous avons vu chez les mâles. Nous nous sommes également interrogés sur l'influence du sexe dans l'accès à un rang spécifique. Nous avons donc formé des tétrades mixtes composées d'un mâle vasectomisé et de 3 femelles. Dans cette configuration, les souris mâles présentaient autant de chances de finir à chaque rang de la hiérarchie soulignant l'absence de déterminant sexe-dépendant dans l'accession à un rang spécifique.