Thèse soutenue

Effets de l'ouverture de la barrière hémato-encéphalique par ultrasons pulsés de basse intensité sur la pathologie tau

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Auteur / Autrice : Amandine Géraudie
Direction : Benoît DelatourAlexandre Carpentier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et cellulaire
Date : Soutenance le 06/11/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut du cerveau (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Kiyoka Kinugawa-Bourron
Examinateurs / Examinatrices : Claire Paquet, Stéphane Epelbaum
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Dhenain, Anthony Novell

Résumé

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Les tauopathies, qui incluent la maladie d'Alzheimer, première cause de démence dans le monde, sont des maladies neurodégénératives caractérisées par l'accumulation de protéine tau hyperphosphorylée qui s'agrège et se propage de neurone à neurone à la manière de protéines prions. A ce jour, aucune molécule thérapeutique n'a permis une modification significative de la trajectoire clinique de ces maladies. La barrière hémato-encéphalique (BHE) qui, pour exercer ses fonctions protectrices, restreint drastiquement l'accès au parenchyme cérébral, représente un des obstacles majeurs au développement de telles molécules. L'ouverture de la BHE par ultrasons, aussi appelée sonication, est une technique innovante permettant de lever transitoirement cet obstacle. Plusieurs essais thérapeutiques ont montré son efficacité clinique dans le domaine des tumeurs cérébrales. Des effets encourageants ont également été montrés sur les dépôts d'Aβ, marqueur neuropathologique central de la pathologie de type Alzheimer, que ce soit en favorisant le passage de molécules thérapeutiques (e.g. anticorps) ou, de façon inattendue, via l'ouverture seule de la BHE. Bien que la pathologie tau soit étroitement corrélée au déclin cognitif, les potentiels effets thérapeutiques de l'ouverture de la BHE sur les tauopathies restent peu explorés. L'objectif de ce travail de thèse était spécifiquement d'évaluer les effets de l'ouverture transitoire et répétée de la BHE par LIPU (‘low-intensity pulsed ultrasound') sur la pathologie tau. Ces effets ont été explorés selon 3 axes principaux : i/ l'évaluation de l'effet de 5 séances hebdomadaires de sonication chez les souris P301S, modèle le plus répandu de tauopathie ; ii/ la réalisation d'une revue systématique de l'ensemble des études sur ce sujet et l'exploration de l'effet des variations de la pression acoustique des LIPU ; iii/ l'évaluation de l'effet de 5 séances hebdomadaires de sonication chez les souris P301S mimant une propagation accélérée de la pathologie tau. Ce travail de thèse montre que l'ouverture répétée de la BHE par LIPU (à un niveau de pression acoustique de 0.3 MPa) n'entraîne pas de diminution de la pathologie tau chez les souris P301S, avec même une légère majoration des lésions dans la région du cortex piriforme. L'analyse systématique de la littérature indique, au contraire, une majorité d'études rapportant des effets bénéfiques de l'ouverture de la BHE par ultrasons sur la pathologie tau mais relève également une grande variabilité des protocoles expérimentaux (type et paramètres d'ultrasons, modèles animaux, analyses des tissus) et des résultats obtenus. Des explorations complémentaires menées chez les souris P301S montrent que la réduction du niveau de pression acoustique des LIPU à 0.2 MPa permet de conserver l'ouverture de la BHE tout en réduisant la survenue d'une réaction neuroinflammatoire, de microhémorragies et d'une hyperactivité neuronale possiblement délétère. Enfin, ce travail montre que l'ouverture répétée de la BHE par LIPU (à 0.2 MPa) permet une réduction de la propagation de la pathologie tau chez les souris P301S, suggérant un effet thérapeutique original des sonications. Ces résultats soulignent l'importance de prendre en compte les facteurs de variabilité pour déterminer les effets de l'ouverture transitoire et répétée de la BHE par ultrasons sur les tauopathies. D'autres études seront nécessaires pour confirmer leur potentiel thérapeutique et ces études doivent s'appuyer à la fois sur une diversité de modèles animaux et de technologies de sonication et sur une standardisation des méthodes d'évaluation des effets induits. Si les résultats de ce travail sur la propagation de type prion sont confirmés, ils pourraient s'appliquer à d'autres protéinopathies. Ce travail est aussi une première étape avant l'association de l'ouverture de la BHE par ultrasons à des thérapeutiques systémiques, chez l'animal-modèle et chez l'Homme (immunothérapies passives).