Thèse soutenue

Propagation et toxicité de la superoxide dismutase 1 dans la Sclérose Latérale Amyotrophique modélisée par des neurones moteurs dérivés de cellules souches pluripotentes induites

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Auteur / Autrice : Coline Jost Mousseau
Direction : Delphine Bohl
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 11/10/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut du cerveau (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Hélène Blasco
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Lehmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Caroline Rouaux, Anselme Perrier

Résumé

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La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie neurodégénérative rapidement fatale et sans traitement curatif, qui entraîne la mort des neurones moteurs (MN) via des mécanismes encore mal identifiés. La dégénérescence des MN provoque une paralysie progressive, qui débute localement avant d'atteindre l'ensemble des muscles squelettiques. La progression de la paralysie ne semble pas suivre un schéma aléatoire, mais se propage en suivant le tractus nerveux. On peut donc faire l'hypothèse que la mort des MN pourrait impliquer la propagation de déterminants pathologiques toxiques. Parmi les nombreux gènes causaux de la SLA, il a été montré que plusieurs d'entre eux codent pour des protéines ayant un domaine ou des propriétés prion-like. C'est le cas du gène codant pour la superoxyde dismutase 1 (SOD1), qui est la deuxième cause génétique de SLA. Il a été montré que des mutations de SOD1 engendraient la formation de protéines mal repliées (misSOD1), capables de transmettre leur mauvaise conformation à d'autres protéines SOD1. Cependant, à ce jour, il n'existe aucune étude sur la sécrétion de SOD1 et misSOD1 dans des MN humains et dans un contexte proche des conditions physiologiques des patients. Ainsi, mes travaux de thèse ont eu pour objectif d'étudier l'expression et la sécrétion des protéines SOD1 dans des MN dérivés de cellules souches pluripotentes induites (iPSC) de sujets contrôles et de patients mutés SOD1, et d'analyser les voies possibles de la sécrétion de ces protéines. Dans un premier temps, j'ai différencié des iPSC en MN spinaux et j'ai montré que misSOD1 s'accumulait dans les MN mutants. J'ai ensuite montré que SOD1 était sécrétée à la fois par des MN contrôles et des MN mutés, mais la voie classique médiée par le réticulum endoplasmique et l'appareil de Golgi ne semblait pas impliquée. J'ai aussi observé que les MN sécrétaient des exosomes mais que ceux-ci ne contenaient apparemment pas SOD1. Dans un second temps, je me suis intéressée à une voie de sécrétion non conventionnelle spécifique aux protéines mal repliées : la voie MAPS (Misfolded-Associated Protein Secretion), majoritairement étudiée dans la sécrétion de l'α-synucléine. Cette voie est initiée par la deubiquitinase USP19 qui redirige les protéines mal repliées destinées à une dégradation protéasome par déubiquitination. La protéine chaperonne DNAJC5 forme ensuite des cargos avec les protéines déubiquitinées, qui sont alors dirigés par l'intermédiaire de différents organites, vers la membrane pour être sécrétés. J'ai montré que misSOD1 colocalisait avec DNAJC5 dans les MN SOD1 mutés, suggérant un rôle de la voie MAPS dans la sécrétion de SOD1. Pour confirmer cela, des vecteurs lentiviraux ont été produits pour transduire les MN et moduler l'expression de USP19. La surexpression de USP19 n'a pas affecté les colocalisations misSOD1-DNAJC5, tandis que sa diminution a réduit le nombre de colocalisations. En réalisant une analyse transcriptomique sur les MN transduits, j'ai observé que seulement 30 gènes étaient dérégulés lors de la surexpression de USP19. Cependant, en diminuant USP19, plus de 3000 gènes étaient dérégulés et sept voies étaient significativement dérégulées dont la voie de sécrétion protéique, suggérant l'importance de USP19 dans cette voie. Les perspectives de cette étude incluent d'explorer la propagation de la misSOD1 dans des cocultures entre des MN contrôles et mutants, pour investiguer l'importance de USP19 et de la voie MAPS dans la propagation. En conclusion, mes travaux ont montré que SOD1 était sécrétée par des MN de patients mutés SOD1 et que la voie MAPS pourrait être impliquée pour que les MN en souffrance se débarrassent des protéines mal repliées. Pouvoir moduler la sécrétion de SOD1 pourrait représenter une cible thérapeutique prometteuse pour ralentir la progression de la SLA, mais un équilibre devra être trouvé pour permettre de limiter à la fois la toxicité intracellulaire et la propagation des protéines toxiques.