Types de cellules neurales et sécrétoires de la larve cnidaire
Auteur / Autrice : | Júlia Ramon Mateu |
Direction : | Richard Copley, Evelyn Houliston |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et développement |
Date : | Soutenance le 08/07/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de biologie du développement de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes ; 1999-....) |
Jury : | Président / Présidente : Elisabeth Christians |
Examinateurs / Examinatrices : Nikolaos Konstantinides | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Thibaut Brunet, Ulrich Technau |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La fixation larvaire est un événement clé dans le cycle de vie de nombreuses espèces animales marines, car il assure la transition d'un stade larvaire dispersif à un stade adulte fixé. De tels cycles de vie indirects sont retrouvés chez des espèces de tout le règne animal, y compris chez les éponges et les cnidaires ainsi ainsi que chez les bilatériens protostomes et deutérostomes. Les cnidaires présentent une grande diversité de de cycle de vie et de formes adultes, mais presque tous produisent un stade larvaire, connu sous le nom de planula. Cette dernière se fixe au substrat et/ou se métamorphose pour passer à une forme adulte. Il existe des preuves solides que l'exploration et la détection du substrat approprié impliquent des cellules situées au pôle antérieur/aboral (partie frontale) de la planula. Cependant, les connaissances sur les mécanismes cellulaires et moléculaires contrôlant cette réponse sont manquantes. Le travail présenté dans cette thèse se concentre sur l'étude de la composition cellulaire et moléculaire de l'extrémité aborale de la larve planula, en mettant l'accent sur les implications dans la réponse à la fixation larvaire. Pour cela, j'ai généré i) des transcriptomes des extrémités aborales et orales de larve planula aptes à la métamorphose, et ii) des données sc-RNA-seq du même stade larvaire. Dans chaque cas, j'ai utilisé des larves de trois espèces de cnidaires provenant des deux principaux clades de Cnidaria: notre modèle de laboratoire et médusozoaire, Clytia hemisphaerica, et deux coraux durs anthozoaires, Astroides calycularis et Pocillopora acuta. Grâce à une analyse d'expression différentielle entre les transcriptomes aboraux et oraux de la planula, j'ai identifié un ensemble de gènes enrichis au pôle aboral pour chaque espèce. L'analyse des gènes enrichis au pôle aobral a permis l'identification de caractéristiques moléculaires communes à ce dernier, avec notamment desmolécules sécrétées spécifiques des médusozoaires ou anthozoaires ainsi que des récepteurs couplés aux protéines G et des canaux ioniques, reflétant des fonctions neuro sécrétions/sensorielles spécialisées. En intégrant les gènes exprimés au pôle aboral à l'ensemble des données scRNAseq générées, j'ai identifié les cellules enrichies au niveau de l'extrémité aborale de la planula des trois espèces étudiées. La comparaison entre les profils transcriptomiques, e la morphologie et la distribution des types de cellules aborales entre la planulade Clytia et celle les deux coraux anthozoaires m'a permis de définir une organisation cellulaire commune de l'extrémité aborale, qui comprend deux grands types cellulaires : les cellules de type sécrétrice et les cellules de type neural. Des spécialisations spécifiques aux clades dans les sous-types de cellules sécrétrice et neurales ont été identifiées sur la base de leur signature transcriptomique, potentiellement associées à différentes adaptations dans la réponse de fixation. J'ai noté avec un intérêt particulier que les gènes liés à l'absorption et au catabolisme de la taurine étaient une caractéristique commune des cellules spécialisées de l'extrémité aborale de la planula : ils sont associés à un type de cellule neurale chez Clytia et à un type de cellule épidermique spécialisée chez les deux espèces de coraux. Lors de premiers tests fonctionnels basés sur la fixation larvaire et développés pour les planulas de Clytia et d'Astroides, j'ai pu montrer que l'ajout de taurine exogène retarde ou empêche la fixation chez les deux espèces. Ces résultats suggèrent que la régulation de l'absorption de la taurine par les cellules aborales joue un rôle conservé dans la capacité de fixation larvaire au sein des cnidaires. Finalement, l'intégration de mes données transcriptomiques, morphologiques et fonctionnelles m'a permis de définir un modèle plus précis de fixation des larves de cnidaires en élargissant nos connaissances sur les cellules et les molécules impliquées.