Comment évaluer au mieux la perception de la durée en laboratoire et en dehors ? : une exploration de la perception de la durée au cours d'un voyage en train et la remise en question de l'automaticité du traitement d'un changement de durée en neuroimagerie
Auteur / Autrice : | Yvan Nedelec |
Direction : | Virginie Van Wassenhove |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives |
Date : | Soutenance le 07/06/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neuroimagerie cognitive (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Florian Waszak |
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Gyselinck | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Droit-Volet, Anne Caclin |
Mots clés
Résumé
La cognition temporelle fait référence à notre capacité à estimer et utiliser des informations temporelles allant de quelques millisecondes à plusieurs heures. Bien qu'un grand nombre de travaux expérimentaux aient été réalisés en laboratoire pour identifier les facteurs (par exemple, l'attention, l'émotion) qui influencent notre perception de la durée, il n'est pas certain que ces résultats s'appliquent à nos expériences de la vie quotidienne. Cette question fondamentale et historique en psychologie expérimentale renvoie au dilemme ''monde réel vs laboratoire'', selon lequel les contraintes de laboratoire nécessaires à l'obtention de mesures comportementales fiables remettent en question leurs validités écologiques. Mon travail de thèse confronte ce dilemme en visant à exporter les expériences de laboratoire utilisées pour la recherche sur la perception de la durée dans un contexte écologique : les voyages en train. En laboratoire, j'ai d'abord utilisé l'électroencéphalographie (EEG) pour étudier et titrer un marqueur neuronal de l'encodage automatique de la durée, la négativité de discordance (MMN). La MMN détecte automatiquement les changements dans l'environnement sensoriel et a été rapportée pour des changements de durée. Ici, je cherchais initialement à utiliser la MMN comme marqueur implicite et automatique de l'encodage de la durée afin de l'utiliser dans les trains. J'ai testé plusieurs protocoles expérimentaux pour caractériser et reproduire la MMN de la durée, notamment en testant différentes échelles de durée (N = 23) dans des contextes rythmiques ou non rythmiques (N = 29). Mes résultats remettent en question la robustesse des travaux précédents sur la MMN de la durée. Cette observation corrobore avec ma revue de littérature qui examine si les précédentes études ont réellement démontré l'existence d'un MMN de la durée (par le biais d'une revue de littérature). Dans la situation écologique d'un train, à l'aide d'un questionnaire, j'ai étudié l'estimation de la durée, de la distance et de la vitesse, ainsi que leur relation au cours d'un voyage en train (N = 247). J'ai constaté que les participants estimaient correctement la durée écoulée et la distance parcourue, avec un point de régression situé vers la moitié du trajet. Les estimations de vitesse étaient moins précises et ne permettaient pas de prédire les estimations de durée ni de distance à partir de l'autre magnitude. De plus, les informations sensorielles disponibles à bord du train ont eu très peu d'effet sur les estimations de durée et de distance. Au contraire, plusieurs autres résultats suggèrent que la distance a été estimée à partir des estimations de durée et les connaissances a priori du voyage. Cela soutient l'hypothèse que les participants ont utilisé un mécanisme de carte cognitive temporelle, plutôt qu'un mécanisme de magnitude basé sur les sens, pour leurs estimations.En résumé, mon doctorat montre des exemples de l'apport de l'approche écologique en neuroscience cognitive, allant de la remise en question des résultats couramment acceptés dans la littérature, à la découverte de nouvelles observations spécifiques de contexte de la vie de tous les jours. Ces travaux ouvrent de nouvelles pistes de recherche en laboratoire et en contexte plus écologique, qui permettront de mieux comprendre les mécanismes de représentation de la durée, afin de préciser l'organisation et la représentation du temps de manière plus globale.