La thérapie génique restaure l'audition et le traitement du signal sonore par le système nerveux central dans un modèle murin de surdité humaine DFNB16
Auteur / Autrice : | Sepideh Iranfar |
Direction : | Saaid Safieddine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Génétique et génomique |
Date : | Soutenance le 11/06/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génétique et physiologie de l'audition (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Serge Picaud |
Examinateurs / Examinatrices : Natacha Crozat-Teissier, Walter Marcotti | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Martine Cohen-Salmon, Vincent Van Rompaey |
Mots clés
Résumé
La déficience auditive constitue un handicap fonctionnel majeur, affectant plus d'un demi-milliard de personnes dans le monde. Malgré sa prévalence élevée, aucun traitement curatif n'existe actuellement. Mon projet de thèse est translationnel et vise à établir la preuve de concept selon laquelle la thérapie génique virale peut restaurer l'audition dans le modèle préclinique de surdité DNFB16. La surdité DFNB16 est la deuxième cause de déficience auditive congénitale d'origine génétique. Elle est causée par des mutations du gène codant pour la stéréociline (STRC) et se caractérise par une surdité légère à modérée. La protéine STRC est principalement exprimée dans les cellules ciliées externes (CCE) de l'oreille interne, l'un des deux types de cellules sensorielles de la cochlée, responsables de l'amplification et la discrimination fréquentielle du signal sonore. La protéine STRC est cruciale pour le maintien de la morphologie des stéréocils des CCE. Les mutations du gène STRC sont responsables d'un dysfonctionnement des CCE conduisant à l'abolition de l'amplification cochléaire et donc à une augmentation des seuils auditifs. A ce jour, il n'existe aucun traitement curatif pour la surdité DFNB16.L'objectif principal de mon projet était de développer une thérapie génique basée sur les virus adéno-associés (AAV) pour remplacer le gène mutant par une copie fonctionnelle dans un modèle murin DFNB16. Compte tenu de la grande taille de la séquence codante du gène Strc, dépassant la capacité d'empaquetage de l'AAV, j'ai utilisé une stratégie hybride de double vecteur pour charger l'ADNc de la Strc dans les capsides de l'AAV. Sachant que les CCE sont intrinsèquement difficiles à transduire par les vecteurs AAV, j'ai tout d'abord effectué une analyse comparative du tropisme cellulaire de différents sérotypes d'AAV après administration dans l'oreille interne afin d'identifier le la capside la plus efficace pour cibler les CCE. Ensuite, j'ai utilisé le sérotype AAV le plus performant pour construire le vecteur thérapeutique qui a été administré dans les cochlées des souris DFNB16.Les résultats montrent que la thérapie génique a rétabli une expression robuste de la protéine STRC et ciblée dans les touffes ciliaires des CCE chez les souris traitées. Cette expression a entraîné la restauration de la morphostructure des touffes ciliaires et de l'amplification cochléaire, permettant une récupération stable et durable des seuils auditifs, similaires à ceux de souris sauvages. Par ailleurs, les mesures psychométriques de la perception des fréquences à l'aide d'une tâche de Go/NoGO ont montré que la discrimination fréquentielle du signal sonore chez les souris DFNB16 traitées étaient comparables à celles des souris sauvages. Ces résultats soulignent l'efficacité de la thérapie génique sur la restauration de la perception sonore dans un modèle préclinique de surdité DFNB16. Cette découverte jette les bases d'une thérapie génique translationnelle efficace pour les patients atteints de DFNB16.