Les défis épistémiques de la sclérose latérale amyotrophique (SLA)
Auteur / Autrice : | Anne Fenoy |
Direction : | Cédric Paternotte, Danielle Seilhean |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 11/12/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sciences, Normes, Démocratie (Paris ; 2018-....) |
Jury : | Président / Présidente : Maël Lemoine |
Examinateurs / Examinatrices : Fabrice Gzil, Miriam Solomon, Maria-Del-Mar Amador, kevin Talbot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Maël Lemoine, Marta Spranzi |
Mots clés
Résumé
La sclérose latérale amyotrophique (SLA), mieux connue en France sous le nom de maladie de Charcot, est une maladie neuro-évolutive à laquelle de nombreuses expressions sont associées : « la pire des maladies », « la plus cruelle des maladies », « la moins rare des maladies rares », « la plus brillante des découvertes de Jean-Martin Charcot ». Ces formules confèrent un statut singulier à cette maladie, encore peu étudiée par la philosophie, à la différence par exemple de la maladie d'Alzheimer, une maladie neuro-évolutive beaucoup plus fréquente. Elles ont été un élément déclencheur de l'enquête philosophique que constitue ce travail, qui se focalise sur les défis épistémiques de la SLA. Les défis épistémiques sont les problèmes théoriques et pratiques pouvant émerger d'une pluralité de perspectives (ou pluralité épistémique) sur un même objet. Ils constituent des défis au sens où la communauté SLA doit les relever pour éviter de possibles conséquences dommageables. Cette enquête en étudie trois en particulier. Dans une première partie, la conception selon laquelle la SLA serait la maladie exemplaire des difficultés de la médecine à connaître et à soigner est identifiée, analysée et remise en question. Il est montré qu'il est important, en abordant les discours sur la SLA, de prendre en compte la distinction entre la maladie étudiée et caractérisée par la médecine et la biologie (disease), la maladie comme expérience vécue (illness) et la maladie comme phénomène de société (sickness). Dans une seconde partie, l'historiographie de la SLA est examinée. Il est montré que la focalisation sur la genèse du concept de SLA dans les travaux de Charcot peut constituer un facteur d'ignorance pour l'histoire de la médecine et pour la conception actuelle de la SLA. Dans une troisième partie, différentes catégorisations de la SLA sont étudiées : la SLA comme maladie ou syndrome, comme maladie motrice et comme maladie rare. À l'aune de leurs pertinences et de leurs limites, des enjeux épistémologiques, pratiques et éthiques sont mis en avant. En interrogeant les discours portant sur la SLA, cette thèse vise à les nuancer et à les faire dialoguer pour proposer une grille de lecture globale sur cet objet complexe. Aborder les défis épistémiques de la SLA permet également de montrer dans quelle mesure considérer le concept de SLA comme un « objet-frontière » peut être fructueux, y compris en philosophie, notamment pour rendre compte de la fragmentation conceptuelle à l'œuvre lorsqu'il est question du concept de maladie.