Dorat, pédagogue de la langue française. De la poétique trilingue à l'illustration du français dans les années de la jeune Pléiade (1547-1560)
Auteur / Autrice : | Nicolas Souhait |
Direction : | Anne-Pascale Pouey-Mounou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue française |
Date : | Soutenance le 06/12/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sens, texte, informatique, histoire (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Tristan Vigliano |
Examinateurs / Examinatrices : Romain Menini, François Rouget | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Laigneau, Sabine Lardon |
Mots clés
Résumé
Dorat, professeur de français ? C'est ce parti-pris paradoxal et provocateur qui guide la présente recherche. Si Dorat est réputé avoir négligé sa langue maternelle au profit des langues anciennes, il reste que tous ses élèves se sont tournés vers la poésie en langue française et ont ainsi façonné et légitimé une conception du français comme langue d'art, en exprimant leur reconnaissance à son égard. A travers les remerciements dont il est l'objet, et les témoignages de contemporains, Dorat apparaît comme un mythe, dès son époque, et la critique a largement contribué à entretenir et à propager celui-ci : aux yeux de ses thuriféraires comme de ses détracteurs, Dorat serait à la source de la poésie française de la jeune Pléiade.Cependant, il est désormais possible de soulever le voile du mythe pour évaluer ce qui a été transmis et mesurer l'importance réelle du professeur, au risque, peut-être, de quelques déceptions. Cette entreprise nécessite de recenser, ordonner et étudier des sources nombreuses et hétérogènes : poèmes, notes de cours d'étudiants, éditions, corrections notées par des élèves, documents administratifs. Elle requiert aussi d'engager une réflexion sur le sens du mot « œuvre » dans le cas de Dorat : cet ensemble de sources éparses peut-il être qualifié d'œuvre ? L'œuvre véritable de Dorat n'est-elle pas plutôt la poésie de ses élèves, conformément à ce que voudrait le mythe qui l'entoure ?Notre projet est précisément de confronter la production trilingue de Dorat à la poésie en langue française de la jeune Pléiade, et de compléter cette étude préliminaire des sources par l'étude des œuvres de ses principaux élèves : Ronsard, Baïf et Du Bellay. Notre quête est celle de la transmission. Celle-ci se pense d'abord de façon verticale : que retrouve-t-on de Dorat dans les textes français de ses élèves ? Il apparaît toutefois bien vite que l'approche ne saurait être exclusivement verticale : Dorat n'est pas seulement un passeur ; il n'a de cesse de continuer à construire avec ses élèves, qui, peu à peu, deviennent des égaux.Par cette étude conjointe des sources dont on dispose sur Dorat et des œuvres de ses élèves, en envisageant l'apport de Dorat en termes de transmission mais aussi en termes d'élaboration commune avec ses élèves, il s'agit donc d'expliquer quel rôle ce professeur-poète a joué dans la défense et l'illustration du français comme langue d'art, de comprendre pourquoi ses élèves se sont résolument tournés vers la composition en français, et de mesurer ce qui est passé de lui dans la poésie en langue française des poètes qu'il a formés.