Thèse soutenue

L'œuvre de Duke Ellington : une création en mouvement, le concert comme œuvre d'art : étude du processus de création dans l'orchestre d'Ellington du studio au concert, appliquée aux métamorphoses de « Mood Indigo » en studio et à l'introduction de « Black and Tan Fantasy » en concert

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Leïla Olivesi
Direction : Laurent Cugny
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musique et musicologie
Date : Soutenance le 03/12/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de Recherche en Musicologie (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Martin Guerpin
Examinateurs / Examinatrices : Anna Harwell Celenza, Philippe Baudoin, Matthew Cooper
Rapporteurs / Rapporteuses : Martin Guerpin, Pierre Fargeton

Résumé

FR  |  
EN

L'œuvre de Edward “Duke” Ellington est à la fois exceptionnelle et emblématique, constituée de plusieurs milliers de compositions, interprétées par un orchestre à la longévité unique dans de l'histoire du jazz au XXe siècle. À la fois chef d'orchestre, pianiste et compositeur, Ellington a repris et réarrangé tout au long de sa carrière certaines de ses pièces, créant des versions parfois très différentes de leur premier enregistrement.Ces multiples créations d'une même composition remettent en cause la notion même d'œuvre musicale en jazz, différente de celle qui est admise habituellement dans la musique savante. Si le compositeur recrée son œuvre en permanence, cela veut-il dire qu'elle reste inachevée ? Ou peut-on considérer que chaque version de cette composition est une œuvre ? Notre questionnement nécessite de redéfinir l'œuvre musicale dans notre champ d'étude, le jazz, et en particulier dans le cas de la musique d'Ellington pour comprendre son processus de création.De riches sources d'archives et de nombreuses publications permettent d'étudier cette question de façon transversale. Pourtant, très peu de travaux se sont intéressé à l'évolution des arrangements d'Ellington et nous ne disposons d'aucune étude concernant l'évolution de compositions d'Ellington sur l'ensemble de sa carrière.Pour comprendre les raisons et les modalités de ce processus créatif, un corpus de cinq compositions a été déterminé, dont les versions sont à la fois nombreuses et très différentes les unes des autres : « Mood Indigo », « Solitude », « In a Sentimental Mood », « Sophisticated Lady » et « Black and Tan Fantasy », dont nous disposons d'enregistrements allant de 1927 (date de la création de « Black & Tan Fantasy ») à 1973.Nous nous appuyons sur les versions enregistrées des cinq compositions de ce corpus, ainsi que sur de nombreux documents : partitions manuscrites, témoignages directs d'Ellington et de ses musiciens, publications du vivant d'Ellington, jusqu'à des aux ouvrages musicologiques plus récents, pour comprendre les raisons et les circonstances de la production de ces nouveaux arrangements. Nous avons également produit des analyses musicologiques, enrichies par les entretiens menés avec certains musiciens de l'orchestre.Ce travail a conduit à prendre en considération les versions incorporées dans des medleys, forme typique des performances publiques d'Ellington. Ces dernières constituent la majeure partie de l'activité de l'orchestre et s'avèrent déterminantes dans le processus de création ellingtonien. L'évolution des compositions interprétées, soir après soir, par les mêmes musiciens, se joue, de ce fait, aussi bien sur scène que dans le studio d'enregistrement.Enfin, la vision artistique d'Ellington, son art de la scène et son rapport avec le public, nous amènent à considérer le concert d'Ellington comme une œuvre d'art en soi. L'étude des programmes de concert et l'analyse des setlists contribuent à établir ce nouveau concept de « concert comme œuvre d'art » comme un élément fondamental de la création ellingtonienne.