Thèse soutenue

Le Quintette Instrumental de Paris et la pratique chambriste en France dans l'entre-deux guerres : carrière et répertoire (flûte, harpe et trio à cordes)

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Auteur / Autrice : Claire Lotiron
Direction : Sylvie Douche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musique et musicologie
Date : Soutenance le 25/01/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de Recherche en Musicologie (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Duchesneau
Examinateurs / Examinatrices : Anne Penesco
Rapporteurs / Rapporteuses : Yvan Nommick, Muriel Joubert

Résumé

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En 1922, le flûtiste René Le Roy eut l'idée de créer une formation chambriste dont l'effectif instrumental atypique (flûte, harpe et trio à cordes) n'est pas sans rappeler celui de la Sonate pour flûte alto et harpe de Debussy qu'il affectionnait particulièrement. Le Quintette Instrumental de Paris poursuit une intense carrière musicale jusqu'en 1940, grâce à l'investissement et à la rigueur de ses membres originels : Marcel Grandjany puis Pierre Jamet à la harpe, René Bas au violon, Pierre Grout à l'alto et Roger Boulmé au violoncelle. Le groupe est dissous durant la guerre, à la suite du départ de René Le Roy pour l'Amérique et de la mort au combat de Roger Boulmé. Le Quintette se reforme en 1944, sous l'impulsion de son harpiste dont il portera le nom. À la séparation définitive de l'ensemble en 1958, le Quintette Pierre Jamet trouve un nouvel élan en la personne de Marie-Claire Jamet, fille de Pierre Jamet, et de son mari le flûtiste Christian Lardé. Cette thèse, qui se concentre sur la première période d'activité de l'ensemble (1922-1940), se propose d'examiner la manière dont le groupement est parvenu à s'implanter et pérenniser son activité, alors même qu'il ne correspondait à aucune tradition chambriste et qu'il ne disposait d'aucun répertoire préexistant. Les interprètes sollicitèrent les compositeurs de leur temps afin d'enrichir progressivement leur répertoire. À la lumière de documents d'archives pas ou peu exploités jusqu'à maintenant, la première partie du travail s'attache à reconstituer la trajectoire musicale de l'ensemble et à mesurer la place qu'il occupe dans la vie musicale de son époque. Il jouit d'un contexte historique favorable à la pratique de la musique de chambre et suscite l'intérêt des compositeurs, séduits par le potentiel expressif de cette nouvelle combinaison instrumentale. Une deuxième partie revient sur les stratégies de carrière mises en place par l'ensemble lui-même pour promouvoir son activité en France comme à l'étranger. L'occasion nous est donnée de revenir sur la figure de l'imprésario qui, à l'instar de Marcel de Valmalète, exerce une influence de plus en plus grandissante dans la vie musicale française. Dans une période de grands bouleversements géopolitiques, l'Association Française d'Action Artistique (A.F.A.A.), qui œuvre pour la promotion de la musique française à l'étranger, favorise grandement le déploiement de la carrière du Quintette en Europe et en Amérique. À ce titre, les deux tournées américaines réalisées en 1934 et 1935 s'érigent comme un modèle de rayonnement artistique. Proche de René Le Roy et surtout de Pierre Jamet, Nadia Boulanger facilite l'introduction du Quintette dans le milieu musical new-yorkais, en endossant un rôle d'intercesseur. La programmation de concerts, également reconstituée, repose sur le principe d'alternance de pièces d'effectifs différents, tout en s'attachant à remettre à l'honneur des pages méconnues du répertoire baroque et présenter les dernières productions de compositeurs contemporains. Afin d'en mesurer les spécificités, le répertoire interprétatif du Quintette est mis en regard d'autres formations de la même époque, en particulier le Trio Cortot-Thibaud-Casals, le Trio Pasquier et le Quatuor Calvet, qui bénéficiaient également d'une grande visibilité sur les mêmes années d'exercice. Enfin, la troisième partie aborde spécifiquement l'esthétique du répertoire en quintette progressivement constitué entre 1923 et 1938, et qui comprend près d'une trentaine d'œuvres composées à l'intention du Quintette Instrumental de Paris. Un corpus plus resserré comprenant les dix quintettes les plus représentatifs de leur répertoire (Jongen, Roussel, d'Indy, Pierné, Cras, Ropartz, Schmitt, Malipiero et Françaix) font l'objet d'une analyse approfondie de l'écriture et de la gestion de l'effectif instrumental. Ce travail permet d'aborder les questions d'homogénéité sonore, d'explorations timbriques et de configuration instrumentale.