Une masse de granit en République. Les lycées de garçons et de jeunes filles de l'académie de Paris sous la Troisième République
Auteur / Autrice : | Pierre Porcher-Ancelle |
Direction : | Jean-Noël Luc, Jean-François Condette |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire contemporaine |
Date : | Soutenance le 11/01/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Histoire moderne et contemporaine (Paris ; 1994-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'histoire du XIXe siècle (Paris ; 195.?-....) |
Jury : | Président / Présidente : Carole Christen |
Examinateurs / Examinatrices : Rebecca Rogers, Arnaud-Dominique Houte | |
Rapporteur / Rapporteuse : Yves Verneuil, Jean Le Bihan |
Résumé
Entre « tout-puissant Empire du Milieu » de la fin du XIXe siècle, décrit avec nostalgie par Lucien Febvre, et les « lycées somnolents » de la fin de l'Entre-deux-guerres, évoqués avec gravité par Marc Bloch, s'étendent les 70 ans de la Troisième République. Les lycées sont le fleuron de l'enseignement secondaire et offrent une très grande variété de formations, des jardins d'enfants aux classes préparatoires, enseignements classique, moderne, technique et agricole compris. Ceux de l'académie de Paris, ressort qui couvre une large partie du Bassin parisien (9 départements), forment un ensemble d'établissements très différents - 11 en 1880, 42 en 1938 - des grands lycées nationaux de la capitale aux internats à rayonnement départemental de la province. On se propose de démontrer comment les lycées sont des masses de granit en République, c'est à dire en quoi ils sont parcourus par une tension entre leur raison d'être initiale de former une élite, adossée à de solides traditions, et l'objectif de remplir la promesse méritocratique, porté par l'avènement de la République. Cette tension, visible dans l'organisation administrative et pédagogique autant que dans la discipline, qui contribue à préparer les élèves à leurs rôles d'adultes, débouche sur l'avènement d'un élitisme démocratique au nom duquel une certaine mixité sociale se développe dans le secondaire, sans toutefois que l'on puisse évoquer une démocratisation. La réflexion est ancrée dans le contexte politique, sensible aux acteurs et aux représentations, aux administrateurs comme aux parents d'élèves, aux lycéens comme aux lycéennes, aux échelles géographiques, à Paris et sa banlieue comme à la province, à la transposition locale des directives nationales. Pour documenter la longue républicanisation du lycée, l'institutionnalisation de l'enseignement secondaire des jeunes filles au milieu d'attentes sociales contradictoires, la modernisation des études classiques, l'unification des études masculines et féminines et ses conséquences pour la condition féminine, les premières mesures démocratiques dont la Grande Guerre accélère la réalisation, une grande variété d'archives provenant des neuf départements de l'académie a été utilisée : ministère de l'Instruction publique, rectorat de Paris, inspections académiques départementales, établissements scolaires, mais aussi archives municipales et privées. Il en découle un tableau historique où la personnalité des établissements apparaît déterminante et où cette échelle locale d'observation permet de comprendre la façon dont les politiques éducatives prennent ou non sens.