Cartographies de l'éternité - Concevoir l'au-delà et le mobilier d'une sépulture collective du début de la XXIème dynastie égyptienne
Auteur / Autrice : | Émil Joubert |
Direction : | Chloé Ragazzoli |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'Antiquité |
Date : | Soutenance le 12/01/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Laurent Coulon |
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Payraudeau, Kathlyn M. Cooney | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Coulon, Giuseppina Lenzo |
Résumé
Au début de la Troisième Période intermédiaire (1069-664 av. n.è.), la XXIème dynastie égyptienne (1069-945 av. n.è.) se caractérise par le regroupement des inhumations et une restriction du mobilier à quelques éléments - cercueils enchâssés, papyrus et ouchebtis - entourant étroitement la momie. L'étude de ces objets permet de mieux comprendre l'insertion de la mort et des rites qui s'y rapportent dans la culture d'alors. Plusieurs axes de réflexion sont proposés au sein du corpus offert par une sépulture collective thébaine de la première moitié de la période, dépourvue de contexte archéologique, mais ayant abrité une dizaine d'individus, notamment des « supérieurs gardiens des écrits du Trésor du Domaine d'Amon » (ḥry sȝwty sš.w Pr-ḥḏ Pr-Jmn). L'analyse matérielle permet de mieux comprendre les processus de production de ce mobilier funéraire. Tout en illustrant la grande variabilité des pratiques, au cours du temps comme en synchronie, elle met en lumière l'attention accordée à la disposition du programme iconotextuel dont les articulations se reflètent dans la matérialité. La circulation et la recomposition des modèles soulignent par ailleurs la miscellanéité à l’œuvre dans la création et la personnalisation.L'importance de ces aspects porte l'exergue sur l'iconotexte abordé comme un discours structuré par des indices de vectorialité et l'ancrage corporel de certains motifs. La mise en résonance de scènes et de textes d'un objet à l'autre par leur spatialisation élabore une rhétorique funéraire unique, créant autour du corps un cosmogramme sacralisant, parfois à l'image d'un temple. L'interaction entre les cercueils interne et externe signale l'enchâssement de la dépouille dans l'autre monde et son inclusion dans un univers plus vaste. Les cartographies différentielles induites par les supports employés - cercueils tridimensionnels et papyrus offrant un déroulé plus linéaire - traduisent des parcours complexes unissant la Douat et le monde diurne et conduisant ainsi à la transfiguration.L'accès au statut défunt est mis en scène au cours des rites funéraires qui soulignent les étapes de la glorification en assurant l'implication de la communauté. Le rattachement à des ancêtres prestigieux peut passer par des références ou des remplois de mobilier ancien. Les cérémonies manifestent l'appartenance à un monde social dont elles affirment la cohésion et les liens avec la royauté, notamment par le rôle probable de certains membres du corpus dans la réinhumation des souverains du passé et par des parallèles avec le mobilier des femmes de la famille régnante.L'étude de ce corpus suggère la constitution progressive, sur plusieurs générations, d'une sépulture collective autour de personnages prestigieux. Elle illustre ainsi l'étroitesse des rapports avec l'au-delà et la façon dont ils permettent l'accès à l'éternité par l'intégration à un monde plus vaste, à la fois divin et humain.Les annexes contiennent notamment une liste illustrée des objets du corpus et la description des ensembles de cercueils complets qui s'y trouvent.