Le juge et le législateur de l'Union européenne : étude d'une protection collaborative des droits fondamentaux
Auteur / Autrice : | Yann Lorans |
Direction : | Edouard Dubout, Elise Muir |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Soutenance le 17/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris Est en cotutelle avec Katholieke Universiteit Leuven (Brabant flamand, Belgique ; 1970-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Marché, Institutions, Libertés (Créteil) - Marchés, Institutions, Libertés |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane de La Rosa |
Examinateurs / Examinatrices : Edouard Dubout, Elise Muir, Sacha Garben, Piet Van Nuffel, Melchior Wathelet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Vial, Dominique Ritleng |
Mots clés
Résumé
La protection des droits fondamentaux de l’Union est souvent analysée à travers l’étude du rôle et de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. Il est vrai que cette dernière a reconnu leur existence et en assure le respect dans l’ordre juridique de l’Union européenne. Ce rôle s’est par ailleurs accru depuis que la reconnaissance de la valeur contraignante de la Charte des droits fondamentaux par le traité de Lisbonne. Cependant, le juge de l’Union est loin d’être le seul acteur de la protection des droits fondamentaux. Un autre protagoniste joue un rôle de plus en plus crucial dans ce domaine : le législateur européen. Bien que l’Union ne dispose pas d’une compétence générale pour réglementer la protection des droits fondamentaux, un nombre grandissant de législations européenne concrétisent des droits fondamentaux, comme le droit à la non-discrimination, le droit à la protection des données personnelles ou encore les droits procéduraux de la personne dans le procès pénal. En outre, à travers l’adoption d’instruments non-contraignants, le législateur de l’Union a mis en place un contrôle politique a priori des législations au regard du respect des droits fondamentaux. Or, ces récentes évolutions engendrent des interactions complexes et inédites entre la Cour de justice et les institutions politiques qui participent à l’édiction des actes législatifs. Une possible reconfiguration de la relation entre le juge et le législateur de l’Union est à l’œuvre. La présente thèse a pour objectif d’identifier et d’interroger les mutations qui traversent la protection européenne des droits fondamentaux, en prenant au sérieux les pratiques de ces deux acteurs, le contexte dans lequel ils évoluent, ainsi que les interactions qu’ils entretiennent. Prenant appui sur les modèles contemporains de justice constitutionnelle, la thèse soutient que les droits fondamentaux sont moins le théâtre d’une lutte hégémonique pour le pouvoir du dernier mot entre rivaux, qu’une entreprise de collaboration entre le juge et le législateur de l’Union. Ils partagent plutôt la responsabilité commune d’en assurer le respect et la réalisation. La présente étude propose modestement de concevoir la relation entre le juge et le législateur de l’Union comme synergique, impliquant un renforcement réciproque de leurs responsabilités respectives, sans toutefois écarter la possibilité qu’ils s’opposent de manière agoniste.