Développement de stratégies innovantes pour la valorisation de digestats de méthanisation via la culture de Spiruline
Auteur / Autrice : | Marie-Ange Leca |
Direction : | Yves Le Guer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Génie des procédés |
Date : | Soutenance le 11/06/2024 |
Etablissement(s) : | Pau |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire des sciences de l'ingénieur appliquées à la mécanique et au génie électrique (Anglet) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Yves Le Guer, Pascale Gillon, Céline Laroche, Thierry Ribeiro, Olivier Bernard, Jean-Baptiste Beigbeder |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Gillon, Céline Laroche |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La méthanisation est un processus biologique anaérobique capable de convertir une grande variété de résidus organiques tels que des biodéchets, déchets agricoles et divers effluents en énergie (biogaz) et en un produit résiduel (digestat) riche en nutriments. La gestion d'un volume croissant de digestat et les préoccupations environnementales associées à leur épandage motivent la recherche de nouvelles voies de valorisation. Dans ce contexte, cette thèse s'intéresse à la culture de cyanobactérie comme stratégie innovante pour le traitement de digestats liquides et de CO2 biogénique de méthanisation tout en produisant une nouvelle biomasse d'intérêt. Du fait de sa composition assez complexe, le digestat doit souvent être dilué avec de l'eau pour réduire sa toxicité envers les microalgues et cyanobactéries. Dans la première étude, de l'eau de géothermie a été étudiée comme substitut à l'eau douce afin de réduire l'empreinte environnementale du procédé de culture. Pour cela, quatre digestats d'unités industrielles ont été échantillonnés et testés pour la culture de A. platensis en utilisant plusieurs facteurs de dilution et deux types d'eau (déminéralisée vs géothermie). Les essais laboratoires ont montré que l'utilisation de l'eau de géothermie n'a pas induit de changements significatifs dans les profils de croissance d'A. platensis par rapport à de l'eau déminéralisée. Alors les résultats ont été validés en photobioréacteurs de 6 L en intégrant une régulation du pH par injection de CO2. Des productivités comprises entre 81 et 136 mg/L/j ont été atteintes. Dans la deuxième étude, un prétraitement du digestat par échanges ioniques a été exploré afin de réduire sa toxicité et d'abaisser la quantité d'eau nécessaire à la préparation des milieux. Ainsi, de la zéolithe, roche volcanique poreuse connue pour sa forte affinité avec l'ammonium, a été testé du laboratoire (0.45 L) à l'échelle pilote (15.5 L) à l'aide de colonnes d'adsorption garnies. Après 24h de traitement avec 0.5 kg/L de zéolithe, la concentration en ammonium du digestat a été réduite de 2250 à 120 mgN/L, représentant une efficacité de traitement de 95% et une capacité d'adsorption de l'ordre de 4,1 mg/g de zéolithe aux deux échelles. Des essais de culture d'A. platensis ont permis de montrer qu'il était possible d'abaisser le taux de dilution de 20x avec le digestat brut à 1x (aucune dilution) pour le digestat traité. La montée en échelle a démontré que la culture en photobioréacteur de 6 L à l'aide du digestat traité (non dilué) était possible mais devait cependant être optimisée afin de maximiser la productivité en biomasse (33 mg/L/j) et l'utilisation de nutriment tels que l'ammonium (retrait 53 %).Les résultats obtenus dans cette thèse ont été utilisés pour mettre en place des essais de prétraitement de digestat et de culture d'A. platensis dans une serre expérimentale en conditions non-contrôlées. Six traitements à la zéolithe (250 g/L) ont été réalisés à l'échelle pilote pour traiter 53 L de digestat, montrant une répétabilité efficace entre les traitements avec un retrait moyen d'ammonium de 81 ± 4 %. Ensuite deux typologies de réacteurs ouverts (raceway) et fermés (colonne à bulles) de 100 L ont été comparées pendant plus de 150 jours d'expérimentation en serre située dans le Sud-Ouest de la France. Les cultures à base de digestat y ont été comparées à un milieu de culture synthétique et deux stratégies de culture ont été étudiées en utilisant un inoculum frais ou acclimaté au cours d'une série de batchs. L'utilisation d'inoculum frais d'A. platensis a permis d'obtenir des productivités de biomasse plus élevées et stables qu'avec l'inoculum acclimaté. De plus, les réacteurs ouverts ont conduit à une perte importante d'eau due à l'évaporation tout au long de l'expérience, représentant 27± 9 %Vtot. Des productivités de 10±3 mg/L/d ont été obtenues dans les deux réacteurs avec du digestat prétraité à la zéolithe et dilué (5x) avec de l'eau de géothermie.