De la Novempopulanie à la Wasconie entre Antiquité Tardive et haut Moyen-Age
Auteur / Autrice : | Mathieu Pelat |
Direction : | François Réchin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 10/01/2024 |
Etablissement(s) : | Pau |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche sur l'architecture antique (France) - IRAA - USR co-tutelle (AMU CNRS UPPA) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'objectif de cette thèse est d'étudier les transformations de l'espace aquitain sub-garonnique de la Novempopulanie romaine à la Wasconia franque, entre IVe et VIe siècle. Nous cherchons à analyser, de manière critique, les sources textuelles et certaines constructions historiographiques antérieures, parfois un peu hâtives. Au IVe siècle, ce territoire est une province périphérique en mutation à tous les niveaux. Comme ailleurs, il ne semble pas que l'ethnicité ait joué un grand rôle dans sa réorganisation administrative malgré le possible maintien tardif d'un concilium fédéral. L'élite aquitano-romaine joue un rôle structurant, notamment dans les campagnes où l'embellissement de riches villae paraît indiquer une recomposition au profit des puissants. Il en est peut-être de même dans les villes, souvent réorganisées de manière volontariste, avec quelques belles domus urbaines (Lescar, Oloron). C'est sur les fortifications des villes que semble reposer la mise en défense de l'Aquitaine méridionale au tournant du IVe et du Ve siècle. Quant à la christianisation de la société, elle paraît avoir été assez tardive. Bien qu'il faille attendre le début du Ve siècle pour que le polythéisme s'efface assez nettement, les succès du vigilantisme et du priscillianisme y montrent le dynamisme théologique du christianisme. Si l'arrivée des barbares, en 406-407, n'est probablement pas l'apocalypse décrite par les clercs, elle s'est sans doute traduite par une augmentation de l'insécurité. L'imposition d'un nouveau pouvoir barbare (413/418-507) entraîne également des nouveaux bouleversements malgré des éléments de continuité. Il semble que, dès 413, une partie de l'aristocratie aquitaine se rallie aux Goths. En 418 ou 419, la Novempopulanie est vraisemblablement occupée, sans pour autant que l'on puisse valider l'idée d'une « patrie wisigothique ». En Aquitaine méridionale, comme dans le reste de la sors Gothica, si la romanisation des souverains est indéniable, les Wisigoths ont sans doute gardé certaines caractéristiques ethniques. Pour autant, la Novempopulanie a dû relever d'un entre-deux faisant cohabiter nouvelles et anciennes élites. Ces dernières étaient sans doute pour partie appauvries. Concernant la mise en scène de la domination sociale, elle tend aussi à changer, en abandonnant, à partir des années 450, des éléments de prestige et de confort des anciennes villae tout en investissant dans l'épigraphie funéraire, peut-être dans un contexte de brouillage des anciennes hiérarchies sociales. Les rois wisigoths ont globalement repris les structures impériales à leur service, peut-être dès 418, mais la centralisation de leur pouvoir fut probablement progressive. Malgré Grégoire de Tours, la victoire franque de 507 semble relever davantage de facteurs militaires et diplomatiques extérieurs que d'oppositions internes. Sous les Mérovingiens, le niveau du contrôle franc sur l'Aquitaine sub-garonnique est difficilement évaluable. Les indices restent peu nombreux. Ni la participation aux conciles mérovingiens ni les émissions monétaires ne permettent de trancher entre un contrôle étroit ou plus lâche. Il semble cependant que ce territoire se fragmente politiquement. Malgré l'abandon de beaucoup de villae, une certaine « continuité d'occupation » apparaît sur certains sites. En montagne, des « communautés de vallées » commencent peut-être à se mettre en place. C'est surtout dans l'œuvre de Grégoire de Tours que transparaissent des indices d'autonomisation des élites locales en lien avec d'ex-ducs francs et l'Espagne wisigothique, en 585-587. En effet, le toponyme Wasconia désigne l'Aquitaine sub-garonnique dès la perte de l'armée de Bladaste, en 581, et la retraite de Gondovald, en 585, est l'occasion d'une première révolte franco-aquitaine. Quant au raid wascon de 587, nous privilégions une nouvelle révolte des élites locales, en lien avec de haut-fonctionnaires francs ainsi que la reine Frédégonde et le roi wisigoth Léovigild.