Thèse soutenue

Le nouveau rôle des sociétés à but lucratif : étude comparative de la Società Benefit italienne et de la Société à mission française

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Auteur / Autrice : Elena Codoni
Direction : Bénédicte FrançoisAlessio Bartolacelli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit
Date : Soutenance le 08/07/2024
Etablissement(s) : Paris 12 en cotutelle avec Università degli studi (Macerata, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions (Créteil ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Marché, Institutions, Libertés (Créteil)
Jury : Président / Présidente : François Pasqualini
Examinateurs / Examinatrices : Bénédicte François, Alessio Bartolacelli, Silvia Corso
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Lecourt, Elisabetta Codazzi

Résumé

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Dans le contexte historique actuel, caractérisé par des inégalités sociales et la crise climatique, les débats politiques et économiques sur le rôle des sociétés sont de plus en plus vifs. Ils rejoignent en cela la doctrine juridique qui s'interroge de même sur la finalité de la société. La recherche d'une définition renouvelée semble être principalement liée à la nécessité de surmonter l'approche entrepreneuriale classique de la société fondée sur la maximisation du profit pour les associés, considérée par certains comme l'un des principaux responsables des désastres de l'époque contemporaine.En outre, les législateurs nationaux et européens sont de plus en plus intéressés à chercher la façon de rendre les sociétés plus responsables et engagées face aux défis sociaux et environnementaux. En Europe, la France a été pionnière dans l'adoption de dispositions législatives pour réglementer la RSE. Ainsi, en 2019, le législateur français, avec la loi 486/2019, a réformé, d’une part, l’article 1833, alinéa 2, du code civil afin de définir l’intérêt social et, d’autre part, l’article 1835 pour introduire la qualification juridique de « société à mission ».Une réforme similaire, mais d’une moindre ampleur, avait déjà concerné l'Italie en 2016, lorsque la loi 208/2015 instaura la qualification de società benefit.L'introduction de la société à mission dans ces deux pays européens s’insère dans une série de réformes qui, au niveau mondial, ont touché de nombreux systèmes juridiques nationaux, lesquels ont prévu un nouveau cadre juridique pour cette société. En effet, la société à mission poursuit, en plus de la recherche du profit pour ses associés, un voire plusieurs objectifs sociétaux et environnementaux.En l’occurrence, les présents travaux ont entendu vérifier l'efficacité des dispositifs légaux, introduits en Italie et en France, pour rendre les entreprises plus responsables d'un point de vue social et environnemental.Pour conduire cette recherche, il a été décidé de comparer les régimes italien et français afin de proposer soit d’étendre à l'un les mesures efficaces et les bonnes pratiques propres à l’autre, soit de soumettre aux deux législateurs de nouvelles préconisations.L'analyse effectuée a mis en évidence l'existence de nombreuses difficultés liées aux dispositions légales relatives à la società benefit et à la société à mission, qui remettent sérieusement en question l'utilité de maintenir les deux certifications publiques au sein des deux systèmes juridiques nationaux. Pour résumer, ces aspects problématiques peuvent être regroupés en deux catégories : une première série est liée aux critères et aux méthodes choisies pour introduire les qualifications examinées, ce qui a eu des conséquences considérables du point de vue de la coordination et de l’articulation des mesures propres aux sociétés à mission avec celles régissant les sociétés traditionnelles. Une seconde série est liée au régime juridique mis en place par les législateurs nationaux pour les sociétés ayant obtenu la qualification : nous avons observé plusieurs problèmes juridiques susceptibles de remettre en cause l'engagement concrètement assumé par ces sociétés, avec des conséquences sur la fiabilité desdites qualifications juridiques.Il a été conclu que les deux qualifications, società benefit et société à mission, devaient rester un instrument accessoire, et non le principal mécanisme utilisé par les législateurs pour faire en sorte que les sociétés assument un niveau de responsabilité plus élevé en matière sociale et environnementale. En outre, l'intervention des deux législateurs a été jugée nécessaire pour renforcer le régime spécifique des deux qualifications en prévoyant un niveau plus élevé de responsabilité et de rigueur de manière à rendre la qualification de società benefit ou de société à mission, synonyme de garantie et d'efficacité de l'engagement pris.