Le visuel et le visible : pouvoirs de l'oeil chez les premiers romantiques anglais - William Blake, William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge
Auteur / Autrice : | Elsa Cazeneuve |
Direction : | Marc Porée |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études du monde anglophone |
Date : | Soutenance le 11/01/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mondes Anglophone, Germanophone, Iranien, Indien et Etudes Européennes (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone |
Jury : | Président / Présidente : Caroline Bertonèche |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Porée, Caroline Bertonèche, Hélène Pharabod-Ibata, Sophie Laniel-Musitelli, Jean-Marie Fournier, Laurent Folliot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Pharabod-Ibata, Sophie Laniel-Musitelli |
Résumé
Cette étude se concentre sur la façon dont les représentants du premier romantisme anglais mettent en question la fiabilité de l’organe visuel pour redéfinir ses limites perceptives et ses pouvoirs créateurs. Chez Blake, Wordsworth et Coleridge, l’œil n’est plus l’instrument de la connaissance du monde ou le vecteur d’une célébration des beautés de la nature, comme dans la poésie pittoresque britannique du XVIIIe siècle. Désormais, l’œil voyant se prend lui-même pour objet. Le questionnement romantique sur l’organe visuel s’inscrit dans un dialogue nourri avec la science, en particulier grâce aux progrès de l’optique et à la naissance de l’optique physiologique au seuil du XIXe siècle. Les poètes interrogent les limites traditionnelles de la perception pour développer, chacun à leur façon, une poétique visionnaire. L’œil romantique est donc un œil réflexif : la mise en scène de cette réflexivité, de la vision et de ses aléas, nous servira de fil directeur pour analyser la spécificité de l’écriture romantique du regard, fondée sur une tension dialectique entre œil corporel et spirituel. Les premiers Romantiques contestent le primat de l’œil en tant que simple chambre d’enregistrement perceptive, ce que Coleridge nomme «the despotism of the eye»; ils exposent les failles et les aléas d’un regard irrémédiablement subjectif, formé et déformé par la mémoire, le rêve, l’imagination, créateur de virtualités nouvelles. Nous avançons l’idée que Blake, Wordsworth et Coleridge interrogent la nature même de l’acte visuel avec une modernité troublante, qui préfigure les questionnements actuels liés à la réalité virtuelle et au métavers.