Thèse soutenue

Le libéralisme et les limites morales du libre marché : la justice chez Michael Sandel

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Auteur / Autrice : Dolly Tarabay
Direction : Éric Marquer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 04/06/2024
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (Paris ; 1983-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Pariente-Butterlin
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Foisneau, Géraldine Lepan

Résumé

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À l’issue de la guerre froide, le marché et la doctrine du libre marché ont joui d’un prestige incomparable pour des raisons tout à fait connues. Cette hégémonie du libéralisme économique marchand n’est pas seulement économique et politique, elle est simultanément intellectuelle et morale, dans la mesure où le libéralisme politico-éthique et le néo-libéralisme économique anglo-saxon sont devenus, sous des formes diverses et relativement contradictoires, la conception dominante du monde. Michael Sandel figure parmi les meilleurs philosophes de la morale et de la politique dans le monde anglo-américain. Dans sa philosophie il entend repenser la rationalité marchande dans nos pratiques politiques tout autant que dans nos relations humaines et notre vie quotidienne. D’ailleurs, le défi moral et politique l’incite à poser la question des limites morales du marché en les discutant publiquement, sous forme d’objections, et à fournir un cadre philosophique utile à l’approfondissement de sa réflexion. Ses analyses demeurent axées sur les fondements du libéralisme déontologique et la Théorie de la Justice classique fondés sur la pensée des philosophes libéraux tel que John Stuart Mill, Emmanuel Kant et John Rawls. La différence est la suivante : une économie de marché est un outil, un outil précieux et efficace, pour l’organisation de l’activité productive, mais une société de marché est un lieu où presque tout est à vendre. Ce qui est inquiétant c’est que nous vivons dans une société où tout est à vendre. En effet, il existe toujours le recours aux mécanismes de marché, à la rationalité marchande et aux solutions de marché dans de plus vastes domaines. Sandel affirme qu’il ne conteste pas l’économie du marché, mais il fulmine contre la dérive de la société de marché. Les phénomènes économiques ont envahi des sphères de la vie où ils n’ont pas leur place et les relations sociales sont réaménagées à l’image du marché. Les incitations financières ne cessent d’abolir les valeurs humaines : cela ne mène pas seulement à la coercition et à l’iniquité, mais aussi à la dégradation et la corruption. Dans ce style de vie, la pensée de marché et les valeurs de marché commencent à dominer tous les aspects de la vie : relations personnelles, vie de famille, santé, éducation, politique, justice et vie civique.